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22 décembre 2009 |

A Cheval I & II

Blog troie
Les éditions Infolio ne publient pas beaucoup de livres de science, et encore se cantonnent-elles à l'archéologie. Mais quand elles le font, elles le font bien. J'avais omis de saluer en son temps la publication de Le cheval de Troie – variations autour d'une guerre (dirigé par Danielle van Mal-Maeder, 190 p., 20 €, 2007), que je viens de retrouver dans ma bibliothèque. Tentons donc une petite séance de rattrapage largement méritée.

Le titre à consonance universitaire, la têtière « Regards sur l'Antiquité 1 » qui lui donne l'allure d'un numéro de revue, l'absence d'auteur sur la couverture : on pourrait faire plus appétissant. Et pourtant! Les huit chapitres, issus d'autant de conférences données en 2006 à l'université de Lausanne, sont d'une accessibilité remarquable. Sans exhaustivité, mais sans oublier l'essentiel non plus, pour ceux qui, comme moi, ont laissé leurs études classiques loin derrière eux, ils nous font visiter différents aspect de ce mythe si populaire qu'il a même atteint le vocabulaire des informaticiens (un « cheval de Troie » est un type de virus informatique) et la bande dessinée (chapitre 8). On y (re)découvre ainsi la légende racontée dans l'Odyssée bien entendu, mais aussi ses reprises dans la littérature antique, grecque et romaine, dont elle a constitué un thème récurrent. Les fouilles archéologiques, depuis Schliemann, font l'objet d'un chapitre qui interroge intelligemment les relations entre découvertes de vestiges matériels, textes historiques et légendes. La guerre de Troie a-t-elle réellement eu lieu comme le pensait l'archéologue allemand au XIXe siècle? Est-elle une accumulation d'épisodes répartis sur une longue période comme le croient ses successeurs qui se veulent plus scientifiques? A moins que le lieu même de ses affrontement soit en fait une vaste zone, et que le site d'Hissarlik, aujourd'hui en Turquie, ne soit que l'une des place-fortes disputée entre les Grecs et les Hittites au XIIIe siècle avant notre ère.

 

Blog amazones
Des femmes guerrières qui se coupaient un sein pour mieux tirer à l'arc ; Herakles dut rapporter la ceinture de l'une de leurs reines, qu'il tua ; Achille en tua une autre devant Troie : vous avez reconnu les Amazones. Elles appartiennent aux légendes de l'Antiquité. Mais cette légende n'aurait-elle pas un fond de vérité? Iaroslav Lebedynsky invite dans son dernier livre, Les Amazones (éditions errance, 126 p., 2009, 25 €) à un tour d'horizon de cette question, en convoquant littérature et archéologie selon un plan très classique en trois chapitres.

Le premier chapitre, consacré aux différentes versions du mythe dans la littérature antique, rappelle le succès de celui-ci chez les auteurs grecs et romains (et encore, seule une petite partie de cette littérature nous est-elle parvenue). Le second chapitre est plus aride : la description des découvertes archéologiques (des sépultures pour la plupart) est parfois fastidieuse. Le souci de l'auteur de mettre à disposition en français des résultats peu connus car issus de l'archéologie russe, et disponibles souvent seulement dans cette langue, est louable, mais il risque de décourager nombre de lecteurs. Il vaut mieux alors passer directement au troisième et dernier chapitre, quitte à revenir en arrière lorsque la discussion évoque tel ou tel site.

Le fait est avéré : on a trouvé des armes dans des sépultures de femmes chez plusieurs peuples nomades d'Asie centrale, à différentes époques, Scythes, Sauromates et Sarmates pour l'essentiel. Il est souvent difficile de savoir s'il s'agissait de véritables guerrières, et si ces découvertes sont représentatives d'un armement général des femmes dans ces populations (personne n'imagine que seules les femmes aient pu aller à la guerre, à quelque époque que ce soit). Il est toutefois certain que le mode de vie de ces nomades allait de pair avec une relative égalité des sexes, tout au moins dans la répartition des activités. Les lettrés grecs, puis romains, pour lesquels les rôles sociaux des femmes étaient essentiellement subalternes, ont à coup sûr été ébahis devant cette polyvalence, exagérant de ce fait la place des femmes dans l'activité guerrière. Et l'impact durable de ce mythe sur notre imaginaire garantit que, comme cela s'est produit dans le passé, nous assisterons de nouveau dans les prochaines années à des annonces spectaculaires de « découverte » archéologique des Amazones.

Luc Allemand

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