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03 novembre 2009 |

Une riche synthèse sur l’histoire du CNRS

Blog denis
La célébration des soixante-dix ans du CNRS offre au lecteur une belle synthèse écrite par un historien, attaché scientifique au Comité pour l’histoire du CNRS, dont le livre condense les travaux du Comité pour l’histoire du CNRS– les notes citent en particulier beaucoup d’articles des Cahiers pour l’histoire du CNRS et de La Revue pour l’histoire du CNRS ou des documents issus des trois précieux volumes de l’Histoire documentaire du CNRS. Dans un style très alerte, avec de nombreuses citations de documents ou d’entretiens, Denis Guthleben propose un récit chronologique très informé qui est dans la continuité du renouvellement récent de l’histoire des politiques scientifiques – entre autres les livres de Jean-François Picard, Michel Pinault, Dominique Pestre, Diane Dosso ou Vincent Duclert. Il est juste dommage que les analyses de Paul-André Rosental sur la naissance de l’INED ou celles d’Amy Dahan Dalmedico sur l’INRIA n’aient pas été intégrées dans le raisonnement ce qui aurait aidé à mieux inscrire le CNRS dans le complexe paysage français des institutions scientifiques (Histoire du CNRS de 1939 à nos jours. Une ambition nationale pour la science, Paris, Armand Colin, 2009, Préface d’André Kaspi, 431 p., 38 €).

L’objet n’est pas si simple pour l’historien entre histoire des sciences, histoire des politiques publiques et histoire interne d’une institution. Les grandes étapes de l’histoire de l’organisme sont bien décrites : la création, les années d’Occupation, la renaissance à la Libération, les conséquences des initiatives gaullistes avec entre autres la création de la DGRST, les mutations des années soixante-dix et quatre-vingt. Enfin, un épilogue insiste sur un « paysage en évolution constante » et signale le retour régulier des discussions sur la suppression de l’organisme. Ce récit permet aussi de parcourir l’histoire des différentes disciplines et particulièrement celles qui ont été marqués par les membres du CNRS, et au premier titre la physique puis la biologie.

On ne peut décrire ici en détail tous les apports du livre. On signale juste le cas particulièrement passionnant de la figure du géologue Charles Jacob, le responsable du CNRS durant les années de la Seconde Guerre mondiale. Grâce aux papiers personnels de ce scientifique déposé à l’Institut, on comprend beaucoup mieux tout à la fois sa grande proximité avec le gouvernement du maréchal Pétain et toutes les difficultés de l’organisme pendant le conflit.

L’ensemble des grandes questions de l’histoire du CNRS est bien présenté que ce soit les rapports difficiles récurrents entre Enseignement supérieur et organismes de recherche, les enjeux liés à la vie politique française, le délicat sujet des budgets de la recherche ou le débat majeur sur les statuts des chercheurs. Le livre montre ainsi le rôle joué à des moments précis par le regard des grands corps de l’Etat sur le CNRS que ce soit à l’occasion d’un rapport de l’Inspection des Finances ou d’une décision du Conseil d’Etat. Le livre réussit à rendre compte de nombreuses polémiques et ne propose pas ni une vision hagiographique ou pacifiée de l’histoire de l’institution. Un utile index se révèle précieux. On regrettera juste que les images qui sont proposées dans un cahier central ne soient que purement illustratives et que des éléments bibliographiques trop sommaires soient mentionnés sur le rabat de la couverture.

Alain Chatriot

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