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02 novembre 2009 |

Une planète qui ne tourne pas rond

Blog bouchard
Une planète rocheuse, en orbite à une distance convenable autour d'une étoile de type solaire, pourvue d'une atmosphère respirable : c'est un ingrédient indispensable aux récits de science-fiction mettant en scène des pionniers de l'espace. Je m'étonne d'ailleurs régulièrement, en lisant ce type de roman, de l'inconscience, ou de la chance, de ces expéditions qui quittent la Terre souvent sur la foi d'observations très parcellaires. Les distances interstellaires rendent prohibitifs les délais d'envoi d'une sonde ou d'une première expédition réduite : le temps que les informations reviennent, les promoteurs de l'expédition seront morts depuis longtemps, et leur souvenir risque fort d'être oublié. Mais quand même !

Les téméraires colons de L'étoile flamboyante (Nicolas Bouchard, Editions Mnémos, 2009, 300 p., 21 €) sont donc partis, dans des conditions quelque peu mouvementées (mais on ne saura pas pourquoi des sociétés concurrentes de celle qui a organisé le voyage ont tenté de s'y opposer avec des moyens radicaux), vers une planète apparemment habitable. Ils ont de la chance, elle l'est effectivement, avec toutefois une réserve : sa rotation sur elle-même est synchrone avec sa rotation sur son orbite, et elle présente toujours la même face à son étoile. Une face brûlante, donc, et une face glacée. Seule la partie intermédiaire, où s'est formée une profonde vallée sous l'effet de la dilatation du sol, est propice à la vie. C'est le décor, et l'enjeu, du récit : serait-il possible de modifier la rotation de cette Gaïa pour la rendre plus habitable?

De la géoingéniérie en très grand! On pense évidemment à ceux qui proposent aujourd'hui de modifier chimiquement l'atmosphère ou l'océan pour influer sur le changement climatique terrestre. Et l'on se souvient de l'explosion finale qui, dans « La nuit des temps » de René Barjavel, faisait basculer la Terre sur son orbite. Les « vilains » de l'histoire n'ont donc pas forcément tort dans leur préoccupation d'empêcher toute intervention sur la dynamique planétaire, intervention dont il est bien difficile de prévoir l'issue et les conséquences pour la vie, déjà si difficile à maintenir. Même si leurs motivations sont critiquables (préserver leur pouvoir et leurs intérêts économiques) et leurs moyens carrément répréhensibles (le meurtre est un moyen courant de gouvernement), le final quasi apocalyptique (les héroïnes arriveront à leurs fins, comme on le devine assez vite) leur donne a posteriori presque raison.

L'auteur respecte les canons du genre, et emprunte aussi ses autres thèmes aux meilleures sources de l'aventure et de la science-fiction : des manipulations génétiques permettent la création de différentes castes d'humains, dont les moins « perfectionnés » sont assujettis aux autres ; un monde dominé par des entreprises familiales et claniques ; des moyens de transport volants directement sortis de Star Wars ; des super-pouvoirs ; des héroïnes (il n'y a que des femmes, les méchants, en revanche, sont tous des hommes) très différentes mais qui forment ensemble une équipe ultra-performante... On passe un bon moment. Il aurait été encore meilleur si l'auteur avait évité quelques manques de cohérence interne, et avait un peu plus soigné son écriture, dont le niveau est inégal.

Luc Allemand

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