La science à bout de souffle ?
Laurent Ségalat, généticien, directeur de recherches au CNRS, vient de publier aux éditions du Seuil un court et stimulant essai intitulé La science à bout de souffle ? (110 p., 10 €). Il relève ce que chacun peut constater et même dénoncer, à savoir l’accroissement exponentiel des charges et du temps consacrés à l’administration de la recherche, aux tâches d’évaluation, à l’écriture des bilans et rapports. Mais il souligne dans le même temps ce que chacun préfère éviter, à savoir le questionnement de ce cercle vicieux où la recherche finit pas s’étouffer elle-même, et la volonté d’en sortir *. Face à une analyse largement partagée, la réponse tiendrait seulement en un (lâche) mot d’ordre : « laissons le système s’autoréguler ». Prenant l’exemple de la finance mondiale, il lance un cri d’alarme pour la science fonçant vers le même précipice. Et cela vaut de la science française comme de la science mondiale dont elle est un tout. Brillant, convaincant (mais qui pourrait ne pas l’être si on le suit !), l’auteur est en revanche assez court sur les modes possibles de refonte du système de recherche.
Vincent Duclert
*Laurent Ségalat choisit l’image du dopage dans le cyclisme où chacun sait et chacun fait, ceux qui refusent le système s’en trouvant aussitôt éjectés.
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