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25 octobre 2009 |

Le hêtre et le bouleau

Mercredi 21 octobre, à la maison de l’Amérique latine à Paris, lors d’une conférence tenue autour de son livre Race sans histoire *, l’historien des religions et éditeur au Seuil Maurice Olender a rendu hommage à l’écrivain Camille de Toledo et à son essai, paru dans la collection qu’il dirige, la « Librairie du XXIe siècle ». Le hêtre et le bouleau. Essai sur la tristesse européenne (216 p., 16 €) mérite cet hommage de son éditeur. L’auteur se demande comment quitter le XXe siècle et s’arracher à la tristesse de l’Europe formée du poids de la mémoire et du passé après la joie de 1989 quand s’effondra le mur de Berlin. Pour ce faire l’écrivain propose une traversée de Berlin, avec un long temps d’arrêt au Monument du souvenir du génocide, et simultanément une réflexion sur la polyphonie des langues et des cultures dont l’Europe est porteuse et qui aboutit à sa nouvelle définition, empruntée à Umberto Eco : « La langue de l’Europe, c’est la traduction ».

Quant au sens du titre un peu énigmatique, il est livré dès le rabat de couverture : « Le bouleau, dans le temps littéraire et poétique de la révélation, fut l’arbre du drame, le témoin silencieux de l’extermination ; l’arbre du massacre en train d’avoir lieu. La peau de son écorce en lambeaux est le visage d’un temps que nous n’avons pas connu, temps de l’anéantissement. Plus d’une moitié de siècle après, nous voilà désormais dans le présent du hêtre, arbre gagné par le h de la hantise. » Camille de Toledo a raison. Le bouleau est le témoin fragile de l’Europe et de son histoire. Sur le site du camp d’extermination de Treblinka où il ne reste rien sinon une clairière, les bouleaux sont là, frêles silhouettes blanches veillant les victimes de la barbarie nazie. C’est en tout cas ce que je conserve dans mon souvenir d’un ancien voyage en Pologne, avant la chute du Mur.

Vincent Duclert.

* dont nous avons rendu compte cet été, en relation avec l’affaire de racisme concernant le professeur d'Harvard Henry Louis Gates Jr.

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