« Notre livre est un essai pour combler cette lacune, en attendant que la phrase précédente cesse d’être vraie. »
La Révolution culturelle fut, entre 1966 et 1976, l'une des phases les plus caractéristiques et les plus violentes du totalitarisme chinois. Le culte de la personnalité entourant Mao, la terreur répandue par les Gardes rouges, l’endoctrinement des masses, l’épuration et l’ « éducation » des déviants, la politique d'humiliation et de meurtre inspirèrent notamment les khmers rouges dans leur mise en oeuvre du génocide au Cambodge. Cette phase décisive de l’histoire du communisme chinois restait dans l’ombre, en partie du fait de l’extrême difficulté de l’étudier et d’accéder aux sources nécessaires à sa connaissance. Au milieu des années 1980, un sociologue de l’université d’Harvard, Roderick Mac Farquhar débuta un cours sur le sujet. Ce fut le point de départ d’une immense recherche. Trente ans plus tard paraissait aux presses de cette université une somme considérable dont la traduction, due à Pierre-Emmanuel Dauzat, est aujourd’hui publiée aux éditions Gallimard, dans la collection « NRF Essais » (La dernière révolution de Mao, avec Michael Schoenhals, 808 p., 35 €).
Cette recherche veut aussi contribuer à la démocratisation actuelle de la Chine -laquelle supposerait une liberté d’étude du communisme. Dans la préface à l’édition française, les deux sociologues écrivent que « le jour viendra peut-être où, à la différence de Gao Xingjian, que nous citons en conclusion, le prochain Nobel chinois de littérature ne sera pas contraint de publier ses meilleurs écrits en exil. Il n’en demeure pas moins quasiment inconcevable qu’un écrivain ou un cinéaste chinois travaillant en Chine défie le PCC en tentant un tableau réaliste du rôle de Mao dans la Révolution culturelle. Notre livre est un essai pour combler cette lacune, en attendant que la phrase précédente cesse d’être vraie. »
Vincent Duclert
You can follow this conversation by subscribing to the comment feed for this post.