2009. Lire et relire Darwin – 1
2009 est l’année Darwin car nous célébrons à la fois les 200 ans de la naissance du naturaliste anglais et les 150 ans de la parution de L’origine des espèces. Cette année est donc propice à la publication de nombreux ouvrages sur l’œuvre du naturaliste anglais et également à l’édition, ainsi qu’à la réédition de ses œuvres. Dans les jours qui viennent nous nous proposons de consacrer quelques notes à des livres récemment publiés qui marqueront cet anniversaire.
A tout seigneur tout honneur commençons par L’origine des espèces, le maître livre de Darwin. Chacun aura intérêt à lire cette œuvre fondamentale pour la biologie dans sa langue d’origine. Il suffit pour ça de se procurer un volume reprenant la première édition de 1859 (Voir notamment : Charles Darwin, The origin of Species, London, Penguin Classics, 1985). Il reste que l’appui d’une traduction éclairée sera plus que précieux pour entrer dans cette théorie qui constitue un objet épistémologique complexe et qui n’est pas sans poser de délicats problèmes de traduction.
Fin 2008, Flammarion a proposé aux lecteurs français une édition mise à jour de cet ouvrage (Charles Darwin, L’Origine des espèces, coll. Garnier, novembre 2008, 619 p., 11,80 €). Il s’agit de la traduction d’Edmond Barbier, revue par Daniel Becquemont, angliciste et historien des sciences, spécialiste de l’évolution, et présentée par Jean-Marc Drouin, philosophe et historien des sciences de la vie. Cette nouvelle édition vient parfaire le travail de la précédente datant de 1992 et réalisée également par Becquemont et Drouin.
Une brève histoire des éditions anglaises de l’ouvrage de Darwin et de leurs traductions en français est relatée dans une note importante proposée par Becquemont. Retenons que des éditions anglaises successives (1859, 1860, 1861, 1866, 1869, 1872, 1876), et qui contiennent des modifications très substantielles, il n’y eut que trois traductions complètes en français. Ainsi, la troisième édition anglaise fut confiée à Clémence Royer qui publia en 1862 (chez Guillaumin) une traduction idéologiquement contestable dans laquelle Darwin lui-même ne reconnut pas son œuvre. En 1873, l’éditeur Reinwald publia une nouvelle traduction du naturaliste suisse J.-J. Moulinié, réalisée à partir des cinquième et sixième éditions anglaises. Puis, en 1876, Edmond Barbier proposa une troisième traduction, cette fois à partir de l’ultime édition anglaise.
Le travail de Becquemont et Drouin a consisté à nous donner une traduction actualisée de la première édition de l’Origine des espèces en se fondant sur le travail de Barbier. Il s’agit donc d’une reconstitution qui, outre d’indispensables rectifications de la traduction elle-même, a appelé la suppression de passages ajoutés par Darwin au fil des éditions successives (notamment un chapitre entier) et des rajouts de passages, qui au contraire avaient été supprimés. C’est ce travail que Becquemont et Drouin ont approfondi encore dans cette nouvelle édition qui s’impose comme une lecture indispensable en cette année Darwin.
Stéphane Tirard, Centre François Viète, Université de Nantes
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