Le 27 mai dernier, le blog vous a proposé pour marquer la fin de la quatrième année polaire internationale, un petit tour Au Pôle Sud en bicyclette. Pour que ce petit clin d’œil au romain polaire de la fin du XIXe siècle soit équitable, nous vous proposons maintenant Une Française au Pôle Nord (Pierre Maël, Hachette 1893 pour l’édition originale, réédité aux éditions Maison, 2008, 11,70 €).

A l’époque, on ne sait pas ce qu’il y a au Pôle Nord, pas plus qu’au Pôle Sud. L’Etoile polaire, solidement armé, quitte Cherbourg à la recherche du Pôle Nord. A son bord, le responsable de l’expédition, le riche Pierre de Kéralio, sa fille et son fiancé, son neveu ingénieur chimiste, un espion chimiste allemand qui se fait passé pour un alsacien et de braves marins bretons. Les Français s’étant toujours laissés dépasser par les anglais ou allemands à la course au Pôle Nord, il s’agit de mettre toutes les chances de son coté. Ils partent avec un aérostat, un sous-marin et de l’hydrogène solidifié par le neveu de Kéralio.

Tous les ingrédients sont réunis pour une aventure épique, pleine de rebondissement : un ingénieur inventif, une femme intelligente, un Allemand jaloux, un chien fidèle et de courageux matelots patriotiques. Pierre Maël (pseudonyme de Charles Vincent et Charles Causse) prend partie (comme Jules Verne dans Les Aventures du Capitaine Hatteras) pour l’existence d’une mer libre cachée par une barrière infranchissable de glace et d’une île paradisiaque située au pôle même. Les arguments scientifiques sont parfois classiques (il fait chaud au pôle à cause de la présence continuelle du soleil, 6 mois par an) ou plus originaux (un fluide magnétique réchauffe l’atmosphère et la force centrifuge créée par la rotation de la Terre provoque des phénomènes exceptionnels). Cette œuvre mêle de façon rare et originale toutes les facettes de l’imagination polaire : le pôle magnétique, le pôle des aurores et autres phénomènes atmosphériques, le pôle protégé des glaces mais aussi le pôle de rotation terrestre.

Frédérique Rémy, CNRS