La journée de mobilisation des chercheurs, enseignants-chercheurs et étudiants, hier 24 mars, ayant été considérée comme moins réussie que les précédentes,

il s’avère que le mouvement entre peut-être dans une phase de reflux. Le gouvernement pourrait être tenté alors de passer en force et d’imposer sa réforme en dépit des oppositions qu’elle suscite, en se fondant sur la seule légitimité issue des élections et en ignorant l’inquiétude profonde d’une partie des communautés scientifiques et universitaires. Les conséquences pourraient en être graves, y compris pour le pouvoir actuel. Devant La montée des incertitudes qu’étudie, pour le travail, les protections sociales ou le statut de l’individu, le sociologue Robert Castel (Le Seuil, coll. « La couleur des idées », 462 p., 23 €), il est essentiel de disposer d’un savoir organisé et prospectif comme celui qu’apporte la recherche, dans toutes ses disciplines. La soumission de l’ensemble des chercheurs à une politique contestée affaiblira leur capacité à inventer ces formes de connaissance indispensables au progrès social et intellectuel.

Vincent Duclert