Guerres d’Aujourd’hui, Pourquoi ces conflits ? Peut-on les résoudre ?, premier volume dirigé par Sara Daniel,

grand reporter au Nouvel Observateur (2008, 464 p., 25 €), pour la nouvelle maison d’Editions Dellavilla, est décidément très ambitieux.

D’abord, il vise à sortir du format journalistique du reportage d’investigation, qui indépendamment de sa qualité, demeure malgré tout souvent le reflet d’un temps, d’une époque, d’un événement, pour mettre en perspective historique géopolitique neuf conflits « chauds » qui caractérisent notre début de 21e siècle : l’Afghanistan, le Darfour, la Géorgie, l’Iran, l’Irak, la Colombie, le conflit Israélo-palestinien, le Liban, le Tibet.

De nombreux éminents spécialistes, chercheurs, politiques, membres d’ONG, de l’ONU, analysent les enjeux sous-jacents à chacun de ces conflits, en proposent une synthèse parfois abrupte et inégale selon les chapitres, mais réussissant l’impossible pari de rester malgré tout compréhensible pour le lecteur non initié.

Ce choix de format permet donc une analyse plus détaillée, qui éclaire souvent de manière inédite certaines situations encore trop méconnues (le chapitre sur l’Iran est à ce titre particulièrement passionnant), même s’il manque peut-être à « l’essai » vulgarisé de la parole experte la multiplicité des points de vue, la confrontation des sources, que permet aussi le regard journalistique.

Difficile donc pour ce recueil de trouver sa place, d’autant plus que les experts doivent ici se plier au deuxième pari imposé par Sara Daniel : prendre le risque d’avancer des pistes de réflexion pour sortir de ces crises, à l’échelle locale ou en demandant l’implication globale et l’arbitrage plus impartial de la communauté internationale.

Devant la complexité de ces situations, où tous les enjeux des multiples acteurs semblent liés les uns aux autres comme dans un montage de dominos, on se prête à rêver à qui osera véritablement bouger la première pièce, ou s’il est vraiment possible de la bouger ? Comme le dit Hubert Védrine, qui préface l’ouvrage, « ces propositions […] sont naturellement discutables. C’est leur fonction. Mais par leur présence, elles évitent à l’ensemble de ces analyses d’alimenter perplexité et pessimisme, et elles pourront inspirer les responsables actuellement aux manettes. » Ces propositions ont ainsi essentiellement le mérite de stimuler le débat à partir d’un état des lieux que chacun peut appréhender et mobiliser, comme de contribuer à plaider pour plus d’ouverture sur l’autre, plus de compréhension et même de pardon, mais aussi pour moins de défiance, conditions à la base du vivre ensemble plus que jamais indispensable face à l’explosion démographique mondiale et à la gestion de la crise écologique qui en découle.

Delphine Berdah