Encore un livre voulant vulgariser la science avec humour à partir de personnages de B.D. ou de dessins animés, comme cela a été beaucoup fait (avec succès d’ailleurs pour Superman ou Starwars, par Roland Lehoucq) ? Non, pas du tout. Ce ne sont nullement les contenus de telle ou telle discipline scientifique que l’auteur cherche à mettre en évidence dans la série télévisée culte des Simpson, mais la place même de la science dans notre société, dont les Simpson présentent un microcosme révélateur et qu'étudie Marco Malaspina (Les Simpson et la science, Vuibert, 2008, 184 p., 16 €).

Car le canapé où les Simpson vautrés regardent eux-mêmes la télévision (géniale mise en abyme constitutive de la série) se révèle être un banc …d’essai remarquable pour la réflexion sociétale sur l’activité scientifique et son impact politique et idéologique. Rien de forcé ou d’arbitraire dans le choix de ce matériel d’observation. N’oublions pas que Homer Simpson travaille (si l’on ose dire…) dans la centrale nucléaire de Springfield… Les dangers de l’énergie nucléaire justement, les batailles de l’écologie, l’économie de la santé, l’industrie de la malbouffe, la médiatisation de l’astronomie (avec Stephen Hawking en guest-star), l’enseignement des sciences, la résurgence du créationnisme (avec l’autre grand Stephen, Gould, cette fois) — autant de thèmes dont l’auteur, lui-même astrophysicien et vulgarisateur de talent, montre l’acuité critique de leur traitement simpsonien. De quoi construire tout un cours de sociologie des sciences ou de médiation scientifique — même pour ceux que les Simpson indiffèrent ou même rebutent, et dont le signataire doit avouer faire partie. Saluons pour terminer la très remarquable traduction de l’italien de Valentina Gardet.

Jean-Marc Lévy-Leblond, Université de Nice Sophia-Antipolis