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19 décembre 2008 |

Le métier de vivre

Blog pavese J’ai dans ma bibliothèque un livre solaire, un livre dont les mots décapent toutes les convenances de l’existence pour aller à la vérité des êtres, un livre dont je ne me séparerais pour rien au monde. C’est Le métier de vivre de Cesare Pavese.

L’extrême lucidité de soi de l’écrivain italien l’amène, une nuit d’août 1950, à se suicider dans la chambre d’un hôtel de Turin. Quelques jours avant de mourir, dans Le métier de vivre qui fut son journal depuis 1935, il confiait. « Pourquoi mourir ? Jamais je n’ai été aussi vivant que maintenant, jamais aussi adolescent. » Et aussi : « On ne se tue pas par amour pour une femme. On se tue parce qu’un amour, n’importe quel amour, nous révèle dans notre nudité, dans notre misère, dans notre état désarmé, dans notre néant. » Et encore : « Mon rôle public, je l’ai accompli – j’ai fait ce que je pouvais. J’ai travaillé, j’ai donné de la poésie aux hommes, j’ai partagé les peines de beaucoup. » Et enfin : « Je n’ai plus rien à désirer sur cette terre, sauf cette chose que quinze années d’échecs excluent désormais. »

L’absolue exigence de Cesare Pavese pour lui-même le conduisit au suicide. Mais il eut le temps d’être absolument exigeant avec l’écriture. Le métier de vivre en porte témoignage, de manière éclatante. Le journal parut en 1952 aux éditions Einaudi à Turin par les soins de Natalia Ginzburg et Italo Calvino. En 1990 fut réalisée une nouvelle édition rétablissant le texte dans son intégralité. Voici que Le métier de vivre paraît cette fois dans un remarquable volume de la collection « Quarto » chez Gallimard accompagné de lettres de Pavese (1848 p., 35 €). Plus d’une centaine de pages de biographie illustrée ouvrent ces Œuvres précédées du texte de Natalia Ginzburg, « Portrait d’un ami ».

« Il est mort en été. »

Vincent Duclert, EHESS

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