L’Institut du monde arabe est un lieu magique où l’on a toujours plaisir à se rendre et je garde un souvenir émerveillé de L’âge d’or des sciences arabes, la somptueuse exposition de 2005-2006. Mon parcours dans Bonaparte et l’Egypte me laisse une impression plus mitigée. Les pièces exposées sont nombreuses et superbes, la scénographie agréable, mais l’aspect scientifique de la campagne est réduit à la portion congrue : quelques illustrations naturalistes, trois ou quatre instruments, le meuble conçu pour conserver la Description de l’Egypte, c’est à peu près tout.

Et tandis que les autres aspects traités (campagne militaire, émergence d’un nouveau pouvoir, influence du goût de l’Egypte en peinture, etc.) bénéficient d’un support audiovisuel, la partie savante en est dépourvue. Pour en savoir plus, on pourra relire avec profit l’ouvrage grand public Les savants de Bonaparte de Robert Solé (paru au Seuil en 1998 mais réédité en 2001 dans la collection de poche Points, 5,95 €), avec notamment de passionnantes annexes, ou fouiller dans la production engendrée par la manifestation de l’IMA. Si je ne me trompe, pas l’ombre d’un historien des sciences dans le comité scientifique de l’exposition Bonaparte et l’Egypte ! Nouvelle occasion de regretter le manque de communication, préjudiciable aux deux communautés, entre le monde des arts et celui des sciences.

Colette Le Lay, Centre François Viète