L'histoire des sciences
L'histoire des sciences, méthodes, styles et controverses (Vrin, 2008, 384 p., 12 €) est un choix de textes présenté par Jean-François Braunstein (Université Paris1 Panthéon-Sorbonne et chercheur à l'Institut d'Histoire et de Philosophie des Sciences et des Techniques), que Georges Canguilhem dirigea naguère. J.-F. Braunstein est connu pour avoir renouvelé les études canguilhemiennes en y intégrant les écrits de jeunesse de l'auteur de La connaissance du vivant, pour repenser la totalité de son oeuvre dans le cadre de l'école française d'épistémologie historique. En son temps, Georges Canguilhem (1904-1995) avait contribué à l'élaboration collective d'une Introduction à l'Histoire des Sciences (1971). Il s'agissait également de morceaux choisis et commentés. Mais la comparaison entre les deux recueils s'arrête là : en épistémologie beaucoup d'eau a coulé sous les ponts depuis 1971. On trouve donc dans l'ouvrage de Braunstein des philosophes des sciences comme Lorraine Daston ou Ian Hacking. Mais également des auteurs plus anciens comme Auguste Comte, Pierre Laffitte, ou Paul Tannery : la modernité consiste aussi à jeter sur les classiques un regard novateur. L'introduction aux textes est passionnante. De la « Préhistoire de l'histoire des sciences », qui s'achève avec Auguste Comte, au « Style français en histoire des sciences », Braunstein ne cesse d'étonner : « (...) Canguilhem ne rencontre que fort tard dans son oeuvre l'influence de Bachelard » ; c'est que « (...) ses motifs initiaux sont sans doute plus à chercher dans des engagements éthiques de jeunesse, étayés ensuite sur la médecine, que dans l'histoire des sciences ». L'ensemble de ce nouveau livre est aussi décapant que le passage dont il vient d'être question : il sera donc fort utile au profane aussi bien qu'au lecteur aguerri. Mais au-delà de l'utilité il leur donnera beaucoup de plaisir. Vraiment. Pascal Acot, CNRS-IHPST
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