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27 octobre 2008 |

La Grande Guerre aujourd'hui

Blog_audoin Stéphane Audoin-Rouzeau, dont le livre Combattre a fait l'objet d'un post le 3 avril 2008, vient de publier, avec Gerd Krumeich, comme lui historien, un livre poignant et beau, toujours sur la Grande Guerre, mais cette fois sur ce qui en demeure dans les champs de bataille : barlelés, cimetières, tombes, ruines, abris, tranchées, empreintes, etc. (Cicatrices. La Grande Guerre aujourd'hui, Editions Tallandier, 2008, 180 p., 39 €). L'ouvrage doit plus que beaucoup au talent remarquable du photographe Jean Richardot. Depuis l'année 2000, celui-ci a travaillé en noir et blanc, dans la boue, la neige, les sentiers détrempés, dans ce qui reste des tranchées, dans les forêts dévastées, dans les plaines vagues de la Somme, dans ce qui reste des abris... bref, partout où les stigmates des combats sont encore visibles, comme d'éternelles cicatrices : « Sur les routes de la Somme, depuis une voiture, il faut un oeil exercé pour apercevoir de loin en loin, les obus couchés sur le bord du fossé » ! Les prises de vue sont méditées, et les tirages splendides car jamais forcés ; le tout au service de l'étonnant projet des auteurs. Et en retour, ceux-ci nous offrent des légendes à la hauteur simple des images : « A l'arrière-plan, le barbelé destiné aux bêtes semble dérisoire comparé à celui que la Grande Guerre avait réservé aux hommes. » Les textes gravés, souvent dans des carrières d'arrière-front, sont touchants et parfois mystérieux : « (...) un blockaus allemand au fronton bien travaillé. Une date. Et un nom de femme. Par dérision ? Par nostalgie ? » Et, des bouteilles de vin qui ont subsisté en nombre, les auteurs disent simplement l'essentiel, poignant et vrai : « Partout où les soldats ont vécu et se sont battus, les bouteilles signalent aujourd'hui leur présence... » Car tout poussait à boire au front : « le manque d'eau, le froid, l'ennui, la camaraderie, la violence et la peur ». On apprend aussi que des réseaux de pillage opèrent aujourd'hui sur les champs de bataille car les vestiges des combats sont devenus l'objet d'un marché... Il était temps que ce beau livre préserve pour nos mémoires ce qui peut encore l'être.

Pascal Acot, CNRS-IHPST

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