Des microbes ou des hommes
Voilà près d’un quart de siècle, Bruno Latour se livrait à un réexamen de l’histoire du pastorisme dans un livre d’anthropologie des sciences qui fit date, Les Microbes: guerre et paix (A.-M. Métaillé, 1984). En mettant les microbes en exergue plutôt que le nom de Louis Pasteur, il s’attachait à de nouveaux acteurs, les agents « non-humains », au cœur de la définition des rapports de force entre nature et société. Depuis Pasteur, comme l’analysait Latour, le succès de la métaphore guerrière pour caractériser ces rapports ne se dément pas. Le livre récent de Maxime Schwartz, biologiste moléculaire, et François Rhodain, entomologiste, en témoigne une nouvelle fois. Sous le titre évocateur : Des microbes ou des hommes, qui va l’emporter ? (Odile Jacob, 2008, 26 €), ces deux personnalités de l’Institut Pasteur présentent un récit documenté de batailles passées, présentes et même à venir, où des ennemis irréductibles – hygiénistes contre vecteurs pathogènes – s’affrontent et mettent aux prises armes offensives et cuirasses protectrices, menaces bioterroristes et stratégies de résistance, vengeances de la nature et parades thérapeutiques. On voit que la métaphore combattante reste la plus … opérationnelle en notre temps que les auteurs décrivent comme celui des illusions perdues quant au rêve du microbe terrassé. Ils offrent en tout cas une utile synthèse des connaissances actuelles sur les vecteurs, les pathologies et les risques infectieux, très accessible à tout public. Mentionnons un intéressant « glossaire des maladies » précieux pour les non-spécialistes.
Anne Rasmussen, Université Louis Pasteur, Strasbourg
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