L'expérience de terrain
L’intuition de l’ethnologue Nadia Mohia est qu’il se passe quelque chose dans les enquêtes de terrain – « pratique indispensable dans les recherches sociologiques et ethno-anthropologiques » -, un quelque chose qui dépasse la manière dont elles sont posées classiquement, à savoir servir de fondement méthodologique de la connaissance ethno-anthropologique. On peut, selon elle, « aborder l’expérience de terrain en elle-même ». Et cette perspective peut se révéler très riche du point de vue de l’épistémologie des sciences sociales comme de l’appréhension du fonctionnement des sociétés. Constatant qu’il existe un « curieux silence » sur le terrain lui-même, Nadia Mohia en fait un objet de recherche et interroge successivement les grandes enquêtes désormais classiques que furent celles de Bronislaw Malinowski (Journal d’ethnographe), Michel Leiris (L’Afrique fantôme) et Claude Lévi-Strauss (Tristes Tropiques). Quant aux résultats de l’ « enquête sur l’enquête », on n'en dira pas plus sauf que le sous-titre de l’ouvrage où ils sont exposés lève un coin du voile (L’expérience de terrain. Pour une approche relationnelle dans les sciences sociales, La Découverte, coll. « Recherches », 300 p., 25 €).
Vincent Duclert
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