Sociologie / histoire des sciences : guerre de tranchées inévitable ?
Dans un passionnant article paru dans le numéro 14 de la revue Carnets de bord en sciences sociales (décembre 2007, p. 52-64), Jérôme Lamy et Arnaud Saint-Martin font le pari de l’existence d’un espace pour des approches sociologiques et historiques. Le tandem est composé d’un historien (J. Lamy) très versé en sociologie et d’un sociologue (A. Saint-Martin) préoccupé d’histoire des sciences. L’affichage de ce type d’association est suffisamment rare pour être salué. La posture la plus fréquente demeure la guerre de tranchées reposant fréquemment sur une totale méconnaissance de l’univers de l’autre. L’un des intérêts, et non des moindres, de l’article est sa riche bibliographie dont je me contenterai d’extraire un ouvrage de référence, entrée possible pour l’historien des sciences qui souhaite faire un pas vers les sociologues. Controverses sur la science. Pour une sociologie transversaliste de l’activité scientifique de Terry Shinn et Pascal Ragouet (Raisons d’agir, 2005, 9 €) a le mérite de ne pas céder à la tentation du jargon et d’offrir une limpide structuration des différents courants de la sociologie des sciences, depuis Merton jusqu’à la proposition « transversaliste » des auteurs. Si le petit format (238 pages) amène les auteurs à quelques raccourcis et simplifications, la clarté du propos et le caractère opératoire des typologies permettent à tout lecteur de réinvestir l’analyse dans son propre champ puis de compléter son information par de nouvelles lectures fléchées par ce premier contact.
Colette Le Lay, Centre François-Viète, université de Nantes
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