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18 juin 2008 |

La stratégie européenne de Lisbonne

Blog_bruno À l’heure des réformes des systèmes de recherche européens, voilà un ouvrage d’analyse salutaire. Issu d’une thèse de doctorat, il est consacré au déploiement d’un objectif stratégique décidé lors d’une réunion extraordinaire du Conseil européen à Lisbonne en mars 2000 : la transition vers une société et une économie fondées sur la connaissance et l’accélération des réformes structurelles pour renforcer la compétitivité et de l’innovation. En s’inscrivant au croisement de plusieurs courants de recherche, Isabelle Bruno s’attache à montrer comment la stratégie de Lisbonne inaugure une démarche originale avec le dispositif de coopération intergouvernementale dit Méthode Ouverte de Coordination et que cette ingénierie managériale transforme profondément les modes de pilotage et d’administration des activités de recherche. La démonstration en plus d’être convaincante donne largement matière à la réflexion (À vos marques®, prêts… cherchez ! La stratégie européenne de Lisbonne, vers un marché de la recherche,Bellecombe-en-Bauges, Éditions du Croquant, 2008, 270 p., 18,50 €). Dans l’analyse des pratiques et des discours qui participent à fonder un Espace Européen de la Recherche, l’auteur accorde une attention particulière aux instruments de gouvernement, en particulier au benchmarking. Cet outil issu du monde de l’entreprise et adapté à un ensemble d’institutions par le New public management, installe l’incitation et l’émulation comme mode de fonctionnement C’est par la valorisation des performances, leur quantification et la publicité de leur classement, qu’il plie les dirigeants à la discipline d’une gestion par objectifs dans laquelle les modes de « pilotage » et de « gouvernance » font des savoirs collectifs des sources de production d’innovations (brevetables) et d’outils de développement et de compétition économiques. Cette européanisation par le chiffre qui installe et réactualise la « grandeur compétitive » comme mesure de toute chose a de profond effets politiques et sociétaux. Ils n’ont pas fini de se manifester.

Soraya Boudia, université Louis Pasteur, Strasbourg.

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