Désir d'enfant
Le docteur François Olivennes, spécialiste de la fertilité à l’hôpital Cochin, avait défrayé la chronique médico-médiatique en annonçant dans Le Monde, le 29 décembre 2006, son départ de l’hôpital public et son arrivée dans le secteur privé. Il y avait des raisons personnelles à ce choix, mais aussi des raisons liées à l’actuelle fusion des services de Cochin et de Saint-Vincent-de-Paul. Des unités spécialisées dans le traitement de la stérilité, qui ont fait la réputation des deux services, risquent de faire les frais des grandes manœuvres. On peut le regretter, tant étaient exceptionnels le professionnalisme et l’approche humaniste des médecins et sages femmes.
« A la suite d’une carrière universitaire et quinze ans passés auprès du professeur René Frydman à l’hôpital Antoine-Béclère de Clamart, puis trois ans en tant que chef d’unité à l’hôpital Cochin, je suis aujourd’hui installé en cabinet privé », commence justement François Olivennes dans l’ouvrage qu’il a co-écrit avec la journaliste Laurence Beauvillard, N’attendez pas trop longtemps pour avoir un enfant (Odile Jacob, 2008, 285 p., 23 €). Son prix, heureusement, est aligné sur le tarif de la consultation en secteur public, c’est déjà une bonne nouvelle pour ses lecteurs. L’ouvrage mêle l’expérience empirique du médecin avec un regard sur les évolutions sociales repoussant l’âge des mères au premier enfant et des propos de bon sens. Dans le chapitre « Docteur, faites moi un enfant ! », François Olivennes aborde l’anxiété des couples en attente d’enfant et la dimension humaine de l’AMP (assistance médicale à la procréation). Devant « l’irrésistible désir de procréation », le médecin souligne la nécessité de la bonne information – qu’il délivre ici – et la réflexion qui doit s’instaurer au sein des couples pour assumer l’absence éventuelle d’enfant, entre les strictes règles françaises et les ressources nouvelles d’un marché de l’AMP à l’étranger –non sans risques et cruelles désillusions. Devant la détresse des couples nombreux qu’il a rencontrés, François Olivennes plaide pour un choix plus précoce d’enfant par la femme et par l’homme, solidaires dès ce moment. Ce n’est pas « un plaidoyer militant pronataliste tendance Vatican II », mais simplement l’expression d’une responsabilité inquiète et l’appel à penser sa vie plutôt que de l’oublier. Pour la penser mieux, il est nécessaire d'être clairement informé. Le livre du docteur Olivennes contribue à cette nécessité de l'information. Mais la question des choix de l'existence pourrait se poser pour l'auteur lui-même qui quitte à regret l'hôpital public, dit-il, et qui renonce d'une certaine manière à se battre pour la médecine à laquelle il croit.
Vincent Duclert, EHESS
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