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26 mai 2008 |

Démocratie en France

Blog_ldh_2 La parution, dans la collection d’intervention « Sur le vif » des éditions La Découverte, d’un petit livre de la ligue des droits de l’homme, Une démocratie asphyxiée, aspire à proposer « L’état des droits de l’homme en France » pour l’année 2008 – comme l’indique précisément le sous-titre (10 €). De fait, les 120 pages de l’ouvrage exposent différents domaines où les droits de l’homme seraient danger : sécurité, justice et prisons, les politiques de surveillance, les dérives xénophobes de l’Etat, les réformes sociales, et, comme l’écrit l’ancien président de la Ligue, « une diplomatie dans le droit fil de la politique intérieur ». Une chronologie enfin est due à l’historien Gilles Manceron assisté de François Nadiras. L’ensemble est ouvert par l’actuel président de la LDH, Jean-Pierre Dubois : « Comprendre, résister, reconstruire ; nouvelle donne, nouveaux défis… » L’analyse des juristes Danièle Lochak et Jean-Michel Delarbre est particulièrement intéressante car elle souligne comment la thématique de l’identité nationale s’oppose au mouvement d’une société ouverte au profit d’un Etat omnipotent. Le sarkozysme, de ce point de vue, n’est pas un libéralisme : « L’identité nationale échappe à toute appréhension objective, et plus radicalement à toute définition qui prétendrait saisir l’essence transcendante et figée d’une collectivité en évolution et redéfinition perpétuelles. Vouloir la définir une fois pour toutes et la protéger est donc un contresens qui ne peut aboutir qu’à une société fermée, repliée sur elle-même et sur son passé. Créer un ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale – et accessoirement du Codéveloppement -, c’est enfin laisser entendre qu’il revient à l’Etat et à ses institutions d’imposer la définition de la nation et de faire de cette norme un barrage contre l’immigration, dite ‘subie’. Cette prétention inquiétante est plus proche d’une logique totalitaire que des règles d’une société ouverte et démocratique, où l’identité de chacun se forge dans le vivre ensemble, sans s’y perdre » (p. 58) Néanmoins, cet ouvrage qui dénonce l’asphyxie de la démocratie ne définit pas explicitement cette dernière, comme si les principes et les règles qui la fondaient étaient évidentes et définitives. Et sans cette précaution méthodologique, on ne peut comprendre alors comment une politique émanée d’une élection au suffrage universel et du vote de la loi – respectant donc le cadre des institutions démocratique - s’opposerait à la démocratie telle qu’elle existe en France. Peut-être alors que s’imposerait mieux un ouvrage plus volumineux, davantage rapproché des intellectuels et des militants qui, depuis l’affaire Dreyfus, font vivre les traditions démocratiques et libérales françaises.

Vincent Duclert, EHESS

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