Sous l'oeil des puces
Le Journal du Dimanche du 17 février 2008 signalait la difficulté récurrente du Syndicat des transports d’Ile-de-France (STIF) à imposer le passe Navigo, notamment parmi les usagers de la RATP. Ces derniers semblent pour beaucoup rester fidèles au vieux coupon de Carte orange, acheté chaque mois (ou chaque semaine) et sur lequel on inscrit le numéro de sa carte. La politique de ces établissements consiste à mettre fin à ce moyen jugé archaïque au profit d’un système à puce qui enregistre tous les déplacements d’une carte devenue désormais nominale, au contraire de la carte Orange qui ne faisait pas l’objet de l’enregistrement dans un fichier général. Selon le STIF cité par Le Journal du Dimanche, les données recueillies ne serviront qu’à des études statistiques sur les déplacements et pour lutter contra la fraude. Les données collectives pourront également nourrir le travail des chercheurs, géographes, urbanistes, sociologues. Mais la tentation sera certainement grande de les utiliser pour élaborer le profil personnel des usagers, afin de cibler leur potentiel commercial ou autres comportements. Certes, la CNIL veille et, preuve que l’on ne se situe pas uniquement dans le « fantasme du fichage », celle-ci à demander la mise en place d’une carte Navigo anonyme baptisée « Découverte », mise en place en septembre dernier, …. et payante (5 €). L’impact des nouvelles technologies sur les libertés individuelles ne serait que de peu d’effet s’il n’y avait actuellement le choix du pouvoir politique de s’intéresser aux garanties judiciaires des droits fondamentaux. On pourra toujours méditer eu compagnie de quelques livres dont l’excellent Sous l’œil des puces de Michel Alberganti (sous-titré La RFID et la démocratie, Actes Sud, coll. « Essais sciences », 272 p., 22 €).
Vincent Duclert, Ehess
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