Vous êtes sur BLOGS > le blog des livres

 

18 mars 2008 |

Identification

Suite de notre rubrique « Pourquoi se faire peur dans un monde si parfait ? » Le collectif L’identification. Genèse d’un travail d’Etat (Belin, coll. « Socio-histoires », 2007, 272 p., 28 €) n’est pas là pour nous rassurer. Etudiant avec neuf autres chercheurs les processus de repérage des individus et la mise en œuvre de politiques d’Etat dédiées à cette tâche, notamment dans le domaine de l’immigration, l’historien Gérard Noiriel souligne une loi récurrente : « Lorsqu’un Etat fabrique de nouveaux outils pour identifier les personnes, les garanties démocratiques qu’il se donne ne sont jamais acquises pour l’éternité. Nul ne peut donc être certain que ces techniques ne seront pas utilisées ultérieurement par des régimes répressifs ou totalitaires, prétendant agir eux aussi au nom des ‘honnêtes gens’. » Tout dépendra alors de la force des contre-pouvoirs, de la conscience partagée de la souveraineté des droits individuels et de l’indépendance des médias. « Safari ou la chasse aux Français », n’avait pas hésité à titrer le journaliste du Monde Philippe Boucher. Cet article du 21 mars 1974 dénonçait le projet du ministère de l’Intérieur de réunir dans un seul fichier les données de près de quatre cent autres. S’ensuivit une mobilisation de l’opinion dont la traduction fut, en 1978, le vote de la loi « Informatique et libertés » et l’institution de la CNIL. Philippe Boucher insistait sur l’idée que ces rapports des libertés publiques et de l’informatique ne pouvaient être soustraits à la discussion générale et à l’autorité judiciaire, en vertu notamment de la Constitution qui en fait le gardien des libertés individuelles.

Vincent Duclert, Ehess

Réagir / Réactions

Commentaires

Flux You can follow this conversation by subscribing to the comment feed for this post.

L'utilisation des commentaires est désactivée pour cette note.