Les sciences de l’âme
Il est un lieu commun qui consiste à situer les fondements de la psychologie en tant que discipline scientifique à la fin du XIXe siècle, notamment à la suite des travaux expérimentaux de Wilhelm Wundt. C’est à ce lieu commun que s’attaque ici Fernando Vidal dans Les sciences de l’âme XVIe-XVIIIe siècle (Honoré Champion, 2006, 463 p., 82 €). La psychologie non seulement existe au XVIIIe siècle, mais se considère bel et bien comme « la plus utile de toutes les sciences ». Vidal convoque ici la plupart des auteurs et écrits princeps des « sciences de l’âme » du dernier tiers du XVIe à la fin du XVIIIe siècle et montre leur insertion culturelle, entre physiologie et histoire. L’ambition vaste d’une science de l’homme, dont la psychologie deviendrait une branche maîtresse, traverse toute la « République des Lettres » du XVIIIe siècle, en dépit de l’hétérogénéité des discours psychologiques et des spécificités nationales (France, Suisse, Ecosse, Angleterre, Allemagne, Italie, Espagne). Par cet ouvrage foisonnant, d’une érudition sans faille et extrêmement vivant, Fernando Vidal est certainement avec Paul Mengal un de ceux qui aujourd’hui tirent l’histoire de la psychologie classique des limbes où elle était restée depuis Georges Gusdorf.
Jean-Claude Dupont, CNRS Université de Picardie
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