Histoire secrète des accords d'Oslo
Alors que le pays invité à l’édition 2008 du Salon du Livre suscite bien des remous guère sympathiques pour les auteurs israéliens – comme s’ils étaient les portes parole officiels de leur Etat ! -, on pourrait se souvenir du rôle des chercheurs dans l’éclosion du processus de paix dit des « accords d’Oslo » (signés à Washington le 13 septembre 1993 par Yitzhak Rabin, Yasser Arafat et Bill Clinton). Les premiers acteurs sont Yaïr Hirschfeld, un professeur d’histoire du Moyen-Orient à l’université d’Haïfa, né en Nouvelle-Zélande de parents juifs autrichiens, et un autre historien israélien, Yossi Beilin, devenu député puis adjoint de Shimon Pérès au ministère des Affaires étrangères après la victoire des travaillistes aux élections générales de juin 1992. Ces deux hommes sont, en cette fin d’année 1992, en contact intellectuel avec Hanane Achraoui, professeur de littérature anglaise médiévale mais aussi chef de file des Palestiniens de l’intérieur. Celle-ci organise alors les premiers entretiens réunissant des représentants de l’OLP et de l’Etat israélien. Bien que, pour ces derniers, l’accord n’ait été obtenu que du bout des lèvres et par le seul Shimon Pérès. Enfin, le « troisième homme » est le norvégien Terje Rod Larsen, ami de Beilin et directeur de l’Institut de sciences sociales appliquées qui travaille notamment sur la situation des territoires occupés. C’est Larsen qui, à Londres, le 3 décembre 1992, promet de prendre en charge tous les frais des négociations israélo-palestiniennes si elles se poursuivent en Norvège. Le groupe industriel Okla va prêter le petit manoir de Borregaard utilisé d’ordinaire pour les séminaires d’entreprise et situé à 150 kilomètres d’Oslo. Les pourparlers commencent le 20 janvier 1993. Du côté israélien, les deux professeurs d’histoire sont en première ligne (cf. Marek Halter et Eric Laurent, Les fous de la paix. Histoire secrète d’une négociation, Plon/Laffont, 1994, 250 p., non disponible… sauf dans ma bibliothèque).
Vincent Duclert, EHESS
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