Morts pour la Science
Il y a de tout dans le livre (Morts pour la Science, Presses polytechniques et universitaires romandes, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, coll. « Focus Science », 2008, 252 p., 25 €) de Pierre Zweiacker, physicien à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne. Des figures de savants que leur passion pour la science a conduit à s’exposer au danger jusqu’à en mourir (Marie Curie), mais aussi celles d’inventeurs dépassés par des concurrents, et qui finissent par sombrer dans la paranoïa, le suicide ou l’assassinat. L’auteur fait bien de se moquer de sa recherche systématique des morts tragiques liées de près… ou de très loin au développement des sciences, techniques ou industries. Livre hétérogène voire hétéroclite où néanmoins plus d’une histoire retient l’attention, comme celle d’Hypathie d’Alexandrie, la première mathématicienne (morte pour la liberté de pensée, plutôt que pour la science, mais qu’importe); d’Ulugh Bey l’astronome médiéval (mort non pas pour la science, mais parce que celle-ci le détournait de la prudence politique), ou celle de Nobel dont l’acharnement à fabriquer un explosif entraîna la mort… de son frère (mort collatérale pour l’industrie, plutôt que mort pour la science). Des exemples de savants mathématiciens ou physiciens qui finissent dans le suicide (Cardan) ou la folie (Gödel) nous sont offerts, mais qu’en conclure ? Bien des fous ne sont pas des savants. Bah ! Il faut glaner dans ce grand déballage, en appréciant les rencontres heureuses, le style plein d’humour, la culture scientifique éclectique. Mais attention aux digressions aventureuses, comme celle sur l’orthographe des noms propres, qui suggère que Lacan (écrit avec un « t » final !) aurait assassiné son épouse. Ce n’était que Louis Althusser ! Fâcheuse confusion entre psychanalyse et philosophie…
André Michard, Université de Paris-Sud Orsay et ENS
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