Notre ADN
Notre ADN et nous : vivre avec les biotechnologies, de Colin Masters (Vuibert, 2008, 162 p., 20€) se veut un livre résolument engagé : « Seul un public informé – et non les seuls scientifiques et politiciens – peut assurer que la technologie de l’ADN soit utilisée avec sagesse et pour le plus grand intérêt de l’humanité » (p. VIII). Pour l’auteur, il est essentiel d’acculturer le lecteur à la pensée biologique pour en mesurer pleinement les tenants et les aboutissants (p. 131). Ici, pas de vulgarisation simplificatrice : le vocabulaire est celui des scientifiques, expliqué dans un glossaire en fin d’ouvrage et le ton proche de celui du cours de biologie cellulaire de première année universitaire, pour aborder en 11 thèmes, du « clonage » au « génie génétique », les enjeux des recherches contemporaines et les transformations médicales qui devraient en découler. Le lecteur intéressé trouvera en annexe une bibliographie renvoyant à chacun des chapitres, alliant dossiers de vulgarisation et publications scientifiques.
On pourrait cependant reprocher à cet ouvrage très sérieux et bien documenté de se limiter à l’énumération des « problèmes éthiques » soulevés par ces recherches et leurs applications potentielles. Malgré les illustrations cinglantes des dessinateurs de Charlie Hebdo qui donnent une certaine couleur politique à l’ouvrage, on reste un peu sur sa faim lorsqu’il s’agit d’aborder les transformations sociales que les biotechnologies provoquent déjà dans nos vies quotidiennes. On touche ici aux limites de la vulgarisation sans réelle prise de position : est-elle véritablement en mesure de donner les moyens au lecteur néophyte de se forger, seul, son opinion ?
Delphine Berdah, CNRS
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