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10 mars 2009 |

La géologie du Maroc

Blog robert Continental Evolution. The Geology of Morocco (Springer, 2008, 426 p., 163 €), rassemble, en dix chapitres, les contributions de 36 auteurs du Maroc, de France, de Belgique, d’Espagne et de Suisse,

sous la coordination d’une équipe éditoriale franco-marocaine dont l’expertise est internationalement reconnue : André Michard, Omar Saddiqui, Ahmed Chalouan et Dominique Frizon de Lamotte. Un tel panel de contributions traduit l’énorme accumulation de données de toute nature, réalisée ces trente dernières années sur la géologie marocaine grâce à la mise en œuvre de deux grands projets : d’une part, l’exploration géophysique (sismicité, lignes sismiques, tomographie 3D) et la géodésie spatiale (mesures GPS), d’autre part, le Plan National de Cartographie Géologique, appuyé par les outils de la géochimie moderne et un important programme de datations isotopiques. Fort opportunément cependant, une présentation historique vient, en conclusion, retracer l’épopée de la découverte géologique du Maroc nous rappelant ce que la connaissance géologique actuelle de ce pays doit aux pionniers des XIXe et XXe siècles.

Le sous-titre du livre « Structure, Stratigraphy and Tectonics of the Africa-Atlantic-Mediterranean Triple Junction » exprime l’intérêt scientifique majeur que suscite la situation clé du Maroc, situé à la jonction triple entre le craton africain, l’océan Atlantique et la zone de collision méditerranéenne. Du Précambrien au Cénozoïque, plusieurs orogenèses ont façonné le Maroc, faisant de ce pays un véritable laboratoire naturel extrêmement propice à l’étude des interactions géodynamiques entre lithosphère et manteau. Les grandes structures tectoniques, du bassin sédimentaire à la chaîne métamorphique plissée, livrent alors, à travers des affleurements exceptionnels, un matériau de premier choix.

Après une introduction générale à la géologie marocaine, la succession des chapitres suit la chronologie de l’histoire géologique, dans ses principaux épisodes géodynamiques : des orogènes Précambrien et Paléozoïque (Anti-Atlas, Meseta marocaine, Haut Atlas occidental) jusqu’au cycle alpin marqué par le rifting Mésozoïque et les inversions de basins plus tardives (Montagnes de l’Atlas, chaîne du Rif, Bassins Atlantiques et Plateaux Crétacés-Tertiaires). Deux chapitres me paraissent plus particulièrement significatifs. Le plus développé (100 pages) est consacré à la chaîne du Rif, segment des chaînes alpines méditerranéennes qui fit l’objet de nombreux travaux ces dernières années en raison de sa position singulière dans le système orogénique de l’ouest méditerranéen : partie la plus occidentale des Maghrebides étendues de l’Afrique du Nord à la Calabre, il forme la branche sud de l’Arc de Gibraltar (la branche nord correspondant aux Cordillères Bétiques) et constitue l’extrémité occidentale de la chaîne alpine. Lors de la convergence Afrique-Europe, un processus géodynamique identique (le retrait du plan de subduction de la Téthys sous la lithosphère européenne) fut certainement à l’origine de l’Arc de Gibraltar et de son équivalent oriental, l’Arc de Calabre. Dans ce contexte, le Rif est l’exemple type du fonctionnement associé de deux processus opposés impliqués dans une orogenèse : la surrection des reliefs et leur effondrement gravitaire. Ce dernier phénomène est à l’origine de la Mer d’Alboran, au cœur du système. Le plus bref (18 pages) concerne les dépôts quaternaires, particulièrement ceux de la marge Atlantique. Ils sont l’objet d’une intéressante analyse de l’évolution glacio-eustatique du niveau marin lors des deux derniers millions d’années offrant la possibilité d’étudier les plus récentes évolutions tectoniques du Maroc. Finalement, un chapitre de conclusion résume l’évolution crustale de cette partie du nord-ouest de l’Afrique, profondément marquée par son environnement géodynamique : bordée, à l’ouest, par la marge passive de l’Atlantique et, au nord, par le double système d’une jeune croûte continentale amincie et d’un bassin océanique né de la collision alpine.

L’ouvrage est destiné à un public de chercheurs spécialistes des différents champs disciplinaires des géocsciences, et de professionnels de l’industrie minière et des hydrocarbures. Un travail éditorial soigné nous offre un texte de haut niveau scientifique, clair et concis, soutenu par une abondante illustration de qualité. Le Maroc est certainement l’un des pays africain dont la géologie est la mieux connue. Comme attendu, cette remarquable synthèse laisse des questions ouvertes et de larges perspectives d’avenir. Les données analytiques sont encore nécessaires (géochimie, géochronologie, thermochronologie), comme seront utiles de nouvelles données stratigraphiques (en particulier sur les séries continentales) et des informations sur la structure lithosphérique profonde (tomographie haute résolution, profils sismiques à travers les orogènes et les marges atlantique et méditerranéenne). Le Maroc fournit ainsi à la communauté des géosciences la possibilité future d’une connaissance plus approfondie de tous les processus géologiques impliqués dans la collision continentale.

Christian Robert, Ecole normale supérieure. Département TAO. Paris

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Commentaires

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je voudrais offrir ce merveilleux livre pourriez vous m'orienter vers sa traduction en Français? ou est il seulemnt publié en Anglais.
si vous pouvez m'aider ...:)
bien à vous

 

POUR DETAILLER LA GEOLOGIE DE MAROC il faut se baser sur les donnees minière car chez les geologues minier on trouve beaucoup de donnés a reclasser selon les besoin de chaque secteur
mes salutation

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