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10 décembre 2013 | 

Impressions d'histoire des sciences

Blog all

Des fantômes tapis dans la roche, de Roger Osborne (Editions de l'évolution, 2013, 382 p., 24€), m'a tout d'abord laissé perplexe. A quoi rimaient donc ces extraits de textes de différentes époques et de différents styles centrés sur la production de l'alun? On me parlait d'histoire de la chimie, alors que le sous-titre de l'ouvrage annonçait "L'irrésistible épopée de la géologie". J'ai toutefois bien fait de persévérer dans ma lecture.

Ce livre ne respecte pas les codes de la plupart des livres de vulgarisation scientifique. En particulier, il n'explique pas grand chose. Il expose des moments d'histoire, tantôt en citant des documents, tantôt en élaborant une fiction à partir de faits réels. Il n'hésite pas à adopter un style littéraire, et risque même un chapitre quasi oulipien, qui ne contient qu'un long catalogue de lacs. A charge pour le lecteur de reconstituer les liens entre ces histoires, et d'en dégager une éventuelle logique.

Roger Osborne nous aide quand même un peu dans ce travail, en faisant intervenir les mêmes personnages dans plusieurs de ses histoires, et en concentrant un grand nombre de celles-ci dans le village de Whitby, sur la côte du Sussex. Car les falaises de ce village, devenues carrières pour la production de l'alun (d'où le sujet du premier chapitre), ont livré de nombreux fossiles à partir de la moitié du XVIIIe siècle. Fossiles qui ont soutenu le développement de l'intérêt pour une histoire de la Terre qui n'était pas écrite dans la Bible. La configuration géologique des environs de Whitby est aussi restée longtemps une énigme pour les géologues, qui n'ont réellement compris sa formation que dans les années 1950.

Après avoir tourné la dernière page, je n'ai qu'un regret : ne pas pouvoir aller randonner autour de Whitby en compagnie de Roger Osborne, pour bénéficier sur le terrain de sa connaissance des minéraux, des roches, et de la façon dont les érudits britanniques ont commencé à les étudier. Ce livre a attendu 15 ans pour être traduit en français, il mérite amplement qu'on le découvre.

Luc Allemand

10 octobre 2013 | 

Liberté et égalité

Blog aron

« Audiographie » des éditions de l’EHESS publie un de ces nouveaux petits livres qui font la réputation de la collection. Il s’agit cette fois du dernier cours de Raymond Aron au Collège de France, prononcé le 4 avril 1978 (Liberté et égalité, 63 p., 8 €). Les mots ultimes du philosophe politique disent la nécessité de toujours méditer la valeur des sociétés démocratiques, de ne « jamais oublier, dans la mesure où nous aimons les libertés ou la liberté, que nous jouissons d’un privilège rare dans l’histoire et rare dans l’espace ». Pierre Manent, qui édité cette conférence et signé une très belle et riche préface, souligne que la compréhension de la politique, c’est « une éducation, un exercice d’humanité jamais achevé. […] Aron scruta la vie politique avec une attention infatigable jusqu’à son dernier jour, parce qu’il ne pouvait prendre sa retraite du lieu où l’humanité fait l’épreuve d’elle-même ». Un ouvrage de toute importance.

V.D.

Au cœur des mathématiques

Blog gessen

Masha Gessen est une journaliste russo-américaine née en URSS en 1967, et qui y a vécu jusqu'au début de son adolescence, avant de retourner vivre en Russie à l'âge adulte. Grigori Perelman est un mathématicien russe né en 1966 dans la banlieue de Leningrad, et il y vit toujours (la ville a repris son nom de Saint-Pétersbourg). Lorsque la première entreprend de nous raconter le parcours du second (Dans la tête d'un génie, Globe, 2013, 278 p., 19,5€), c'est bien entendu en s'appuyant sur une très solide enquête. Elle n'a jamais rencontré son sujet (!), et on comprend pourquoi au fil du livre, mais elle l'a cerné en interrogeant ses amis d'enfance, ses entraîneurs (oui, les mathématiques ont des entraîneurs, comme le football ou la natation), ses professeurs et une bonne partie de ceux avec lesquels il a collaboré au cours de sa brève carrière (ceux qui n'étaient pas décédés, en fait). Ce récit s'appuie aussi sur la connaissance intime qu'elle a de l'éducation soviétique des années 1970, et du fonctionnement des clubs de mathématiques qu'elle a elle-même fréquentés.

Perelman laissera une trace dans l'histoire des mathématiques. Il a démontré en 2002 et 2003 la conjecture de Poincaré, qui résistait depuis presque un siècle. La question de Poincaré : "Est-il possible que le groupe fondamental d’une variété V de dimension 3 se réduise à la substitution identique, et que pourtant V ne soit pas la sphère?", était un problème difficile, retenu d'ailleurs en 2000 par l'Institut Clay parmi les sept "Problèmes du millénaire", dont la résolution vaut un million de dollars.

Perelman laissera aussi une trace dans l'histoire des prix mathématiques. Après une médaille d'or aux Olympiades internationales des mathématiques, en 1982 (avec la note maximale), il a refusé tous ceux que ses collègues ont voulu lui accorder : celui de la Société européenne de mathématiques en 1996 ; la médaille Fields en 2006 ; enfin, le prix Clay. Il aurait aujourd'hui complètement arrêté de faire des mathématiques.

Pour Gessen, Perelman est avant tout une « bête de concours ». Entraîné dès son plus jeune âge à résoudre des problèmes dans le but de gagner les olympiades de mathématiques, il n'a presque jamais échoué. C'est de la même façon qu'il a envisagé la conjecture de Poincaré : un problème bien posé, par d'autres, sur lequel il suffisait de passer suffisamment de temps pour en venir à bout.

C'est aussi un être inadapté à la vie sociale, qui vivrait dans un monde rêvé. Ainsi, il aurait refusé offres d'emploi dans de prestigieuses universités et prix mathématiques car ses pairs n'auraient pas reconnu sa réussite comme il le souhaitait. Notamment, il leur a fallu vérifier sa démonstration, qui, de son point de vue, ne pouvait être que juste.

Pour autant, souffre-t-il du syndrome d'Asperger comme elle le suggère fortement? Si on la suit, la plupart des petits génies mathématiques qui préparaient les concours de mathématique en Union soviétique à la même époque partageaient cette condition, quand ils n'étaient des autistes plus gravement atteints. C'est sans doute exagéré. Le comportement de Perelman est effectivement misanthrope et asocial, mais les causes en restent inconnues. Le titre français du livre, Dans la tête d'un génie, est de ce point de vue abusif. Les entretiens qu'elle a eus avec Mikhaïl Gromov, qui a collaboré un temps avec Perelman et l'a aidé à aller aux Etats-Unis quelques années, donnent des pistes sur la façon de penser de ce dernier, mais peut-être pas le fin mot de l'histoire.

Ce livre, qui ne contient au total pas beaucoup de science (Gessen ne s'étend pas sur les détails de la démonstration de Perelman), est néanmoins un remarquable témoignage sur des façons de faire de la science. Il dépasse le cas particulier de sa figure centrale pour nous éclairer sur le fonctionnement des mathématiques soviétiques, qui ont nourri Perelman, et sur celui des mathématiques occidentales actuelles, auquel il n'est pas parvenu à s'adapter. Du beau travail.

Luc Allemand

Une nouvelle collection au Seuil

Blog anthropo

Aujourd’hui jeudi 10 octobre paraissent aux éditions du seuil les trois premiers livres de la collection « Anthropocène » créée et dirigée par l’historien et sociologue des sciences Christophe Bonneuil, pour comprendre les enjeux écologiques, entre sciences, sciences humaines et politique :  

  • Les apprentis sorciers du climat. Raisons et déraisons de la géo-ingénierie de Clive Hamilton,
  • Toxique planète. Le scandale invisible des maladies chroniques d'André Cicolella,
  • L’événement Anthropocène. La terre, l'histoire et nous de Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz.

Ce dernier ouvrage figure en « livre du mois » de la prochaine livraison de La Recherche, à paraître fin octobre, sous la signature de Pascal Acot.

En 2014 seront publiés les ouvrages de Bernard Charbonneau et Jacques Ellul, « Nous sommes des révolutionnaires malgré nous… ». Textes pionniers de l’écologie politique ; Philippe Bihouix, L’Âge des « Low Tech » ; Sebastian Grevsmühl, L’Invention de l’environnement global ; Rob Hopkins, The Power of just doing things ; Maxime Combes, Laissons gaz et pétrole dans le sol ! 

Deux soirées de lancement sont organisées avec les auteurs, à la Maison des Métallos les 21 et 22 octobre (94 rue Jean-Pierre Timbaud, Paris 11e, entrée gratuite, réservation indispensable [email protected] 

Lundi 21 octobre - 19h - De quoi l’Anthropocène est-il le nom ? (http://www.maisondesmetallos.org/2013/07/24/de-quoi-l-anthropocene-est-il-le-nom)
avec Weronika Zarachowicz (Télérama), André Cicolella, Yves Cochet, Jean-Baptiste Fressoz et Christophe Bonneuil.

Mardi 22 octobre - 19h - Urgence climatique : y a-t-il un plan B ?
(http://www.maisondesmetallos.org/2013/07/24/urgence-climatique-y-a-t-il-un-plan-b
avec Jade Lindgaard (Mediapart), Valérie Masson-Delmotte, Clive Hamilton et Hervé Kempf.

Voir aussi : http://sciencescitoyennes.org/manipuler-le-climat-manipuler-la-vie/

V.D.

09 octobre 2013 | 

Le boson de Higgs

Blog boson

Le Prix Nobel de Physique consacre le boson de Higgs, détecté en juillet 2012 au CERN, une découverte majeure initiée par les deux lauréats, le belge François Englert, et le britannique Peter W. Higgs. Dès novembre 2012, La Recherche avait titré sur le « pari réussi des physiciens », dans une substantielle livraison qui elle aussi a fait date. Dans Libération de ce jour, le journaliste scientifique Silvestre Huet regrette que le CERN n'ait pas été lui co-lauréat du Nobel : « s'il est impossible d'attribuer à l'un ou l'autre de ces physiciens le mérite de la détection du boson BEH, c'est que seule la force du collectif pouvait autoriser cet exploit intellectuel, mais aussi organisationnel et technologique, nécessaire pour repousser encore une fois les frontières de la connaissance ». 

V.D.

04 octobre 2013 | 

Un roman pour Turing

Blog tur

A la fin du mois d'octobre 2013, le parlement britannique devrait adopter une loi accordant à Alan Turing le pardon de sa condamnation prononcée en 1952 pour avoir eu des relations homosexuelles. Le Premier Ministre Gordon Brown avait déjà prononcé en 2009 un discours d'excuses vis-à-vis de Turing. C'était déjà pas mal, même si on peut regretter qu'il n'ait pas étendu ces excuses à tous les homosexuels condamnés au Royaume-Uni pour les mêmes raisons (l'homosexualité n'a été complètement dépénalisée dans tout le pays que dans les années 1980). Le cas de Turing est emblématique, mais malheureusement pas isolé.

Pour ce qui concerne Turing lui-même, cette condamnation, et son suicide deux ans plus tard (vraisemblablement lié à la dépression engendrée par le traitement de castration chimique qui lui avait été imposé) a transformé en tragédie ce qui était déjà une vie dramatique. La Pomme d'Alan Turing, biographie romancée que Philippe Langenieux-Villard publie aux éditions Héloïse d'Ormesson (224 p., 18€) en convaincra tous ceux qui ignoraient encore les épisodes de la vie du mathématicien. En se fondant sur les propres carnets de Turing, et sur le récit que sa mère publia après sa mort, l'auteur nous propose d'accompagner le développement de la vocation du mathématicien, de son enfance à sa fin prématurée à 42 ans.

Le drame d'Alan Turing réside dans les secrets qu'il se devait de garder. Secret, je l'ai dit, quant à son homosexualité, autant hors-la-loi aux Etats-Unis, où il effectua sa thèse qu'au Royaume-Uni (sa mère elle-même l'ignorait). La révélation de ce secret à l'occasion d'une banale affaire de vol (par l'un de ses amants) précipita sa fin. Mais aussi, et sans doute plus pesant pour lui, qui rêvait de la reconnaissance de ses pairs, secret quant à sa prouesse scientifique la plus remarquable : la construction de la machine à calculer (on n'ose encore parler d'ordinateur) Colossus qui lui permit de déchiffrer les messages codés qu'échangeait l'armée allemande pendant la Deuxième Guerre mondiale. Turing avait fortement contribué à ce que les Alliés gagnent cette guerre, mais celle-ci terminée, sa machine fut détruite, et interdiction fut faite d'en parler. Pire : il eut toutes les peines du monde à obtenir les moyens nécessaires au développement de ses idées reconnues aujourd'hui comme fondatrices de l'informatique. Le roman, centré sur le personnage de Turing, ne pousse pas l'explication de ces faits au-delà de la personnalité complexe de son héros, finalement trop asocial pour collaborer normalement à de grandes entreprises scientifiques.

Rien de ce qui concerne Turing n'est plus secret aujourd'hui. Son centenaire, en 2012, n'est pas passé inaperçu, et on ne compte plus les livres qui lui rendent hommage. Celui-ci constitue une première approche qui pourrait toucher largement un public sans connaissances scientifiques.

Je me permets toutefois de regretter plusieurs énormes erreurs liées à la science. Von Neumann tentant de retenir Turing aux Etats-Unis à la fin de sa thèse (nous sommes en 1934) lui lance en effet (p. 80) : « C'est ici qu'Einstein a publié la Relativité générale,... que Kurt Gödel a imaginé le théorème de l'incomplétude. » Non : Einstein était à Berlin lorsqu'il a publié, en 1915, sa théorie, et c'est à Vienne que travaillait Gödel en 1931 lorsqu'il énonça son théorème. Avant la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis étaient scientifiquement à la remorque de l'Europe. Quant à la « relativité artificielle », dont Turing attribue la découverte à Joliot-Curie, c'est évidemment de la radioactivité artificielle qu'il s'agit. On ne tiendra pas rigueur à l'auteur de ce passage qui n'est que secondaire dans son récit, mais une relecture par un scientifique ne lui aurait pas nuit.

Luc Allemand

02 octobre 2013 | 

Les étrangers qui ont fait la France

Dirigé par Pascal Ory avec Marie-Claude Blanc-Chaléard, porté par une équipe nombreuse de rédacteurs et de responsables de section, publié par Robert Laffont dans sa prestigieuse collection « Bouquins », le Dictionnaire des étrangers qui ont fait la France (855 p., 30 €) bénéficie ce soir d’un lancement prestigieux. Parmi les nombreuses notices de scientifiques, celle du Prix Nobel de médecine 2011, Jules HOFFMANN, né à Echternach (Grand-Duché de Luxembourg) le 2 août 1941, depuis 2012 membre de l’Académie française. Voici d’autres précisions sur le biologiste :    

 

Blog hoffmann

Grandi au Luxembourg où il est né, Jules Hoffmann reçoit de son père, enseignant de sciences naturelles, sa passion de la biologie et plus encore des insectes. A 18 ans, il publie son premier article sur les hétéroptères aquatiques dans les Archives de l’Institut Grand-ducal de Luxembourg. Après sa thèse ès sciences naturelles soutenue à Luxembourg en 1963, il est accueilli l’année suivante dans le laboratoire du CNRS du professeur Pierre Joly à Strasbourg. Il décide alors, comme il le confiera lui-même, de « rester dans le système universitaire français et de demander la nationalité française ». Il l'obtient en 1970 et perd en conséquence sa nationalité luxembourgeoise. Mais il reconnaîtra n’avoir « jamais regretté ce choix » qui lui imposait pourtant un choix cornélien entre ses « intérêts scientifiques et les sentiments familiaux » (cité par Le Monde, 3 octobre 2011).

Docteur ès sciences de l’université de Strasbourg (1969), directeur de recherches au CNRS, il fonde en 1978 le laboratoire « Réponse immunitaire et développement chez les insectes » qu’il installe à l'Institut de biologie moléculaire et cellulaire du CNRS de Strasbourg dont il assume la direction entre 1994 et 2006.

Ses recherches principales portent sur l’immunité innée qu’il étudie chez les insectes (notamment les mouches) et qu’il conçoit comme une première barrière de protection avant l’intervention des anticorps. Il est aussi le découvreur du récepteur Toll qui permet précisément l’activation  de la production d’anticorps. 

Ses succès scientifiques et ses activités d’administrateur de la recherche valent de hautes reconnaissances à ce savant demeuré fidèle à l’université et aux laboratoires strasbourgeois, sa patrie d’adoption. Elu en 1992 à l’Académie des sciences, qu’il préside en 2007-2008, il est titulaire du prix Robert Koch d’immunologie (2004), du prix Keyo de médecine (2010), de la médaille d'or du CNRS (2011), du prix Shaw en sciences du vivant et médecine (2011), enfin du prix Nobel de médecine 2011 (avec l’américain Bruce Beutler et le canadien Ralph Steinman) qui vient couronner un parcours scientifique d’exception.

V.D.

photo AFP

01 octobre 2013 | 

Les protestants en France

Blog cabanal

Samedi et dimanche à Paris-Bercy, 10 000 fidèles ont participé à « Protestants en fête », une manifestation présentée comme « ouverte, pluridimensionnelle : culturelle, sociale, festive, interculturelle, intergénérationnelle ». L’événement est porté par la Fédération des protestants de France. Ont été conviés les protestants de toute la France mais aussi des pays voisins (Suisse, Belgique, etc.). Des délégations de pays francophones en Afrique et d’Haïti sont venues également. La Fédération est aujourd’hui présidée par le pasteur Claude Baty, de tendance évangélique, ce courant qui aujourd’hui dessine une nouvelle carte du protestantisme.

On estime aujourd’hui à 1 millions les Français qui se reconnaissent protestants, et à 200 000 les pratiquants du culte. Le protestantisme a une histoire, à laquelle on peut accéder facilement depuis la somme de Patrick Cabanel sur les protestants en France publiée aux éditions Fayard (1500 pages, 38 €). L’historien pilote également, avec son collègue André Encrevé, un dictionnaire des protestants de France, une œuvre à la mesure de ces deux savants et des multiples collaborateurs qu’ils sont en passe de réunir.

V.D.

27 septembre 2013 | 

Océans. La grande alarme

  Blog océans

Réuni depuis le début de la semaine à Stockholm, le GIEC devrait rendre son 5e Rapport sur le réchauffement climatique. On annonce une hausse prévisible des températures de 5° d’ici la fin du siècle. Ses effets les plus immédiats se notent sur les océans, un milieu extrêmement fragile qui connaît une augmentation de son volume et une montée des eaux, dues notamment à la fonte des glaces et affectant particulièrement les régions tropicales. A cela s’ajoute l’impact destructeur de la surpêche et les phénomènes de pollution industrielle ou maritime.

Professeur de conservation marine à l’université d’York et professeur associé à l’université Harvard, créateur du premier réseau mondial pour les zones sanctuarisées en haute mer, Callum Roberts fait le point sur les Océans dans une somme très documentée qui lance un cri d’alarme et appelle à un « New Deal pour les océans ». Flammarion en propose la traduction (par Thierry Piélat avec le soutien du Centre national du Livre, 492 p., 24 €). La première des responsabilités éthiques consiste à examiner avec lucidité la réalité, et tirer de cette observation, non le renoncement ou le désespoir mais au contraire des bases pour comprendre et agir. Le livre de Roberts nous y incite fortement. Dans toutes les librairies le 2 octobre.

V.D.

24 septembre 2013 | 

Séquence BD. L'enfant Staline

Blog lefranc
Pape de la « ligne claire » et des héros d’aventure, d’Alix à Guy Lefranc, Jacques Martin est décédé en janvier 2010. Mais son univers survit grâce à de nouveaux scénaristes et dessinateurs. Thierry Robberecht a imaginé une histoire de clonage dans l’URSS de Staline, ce dernier rêvant d’asseoir son pouvoir dans l’éternité (L’enfant Staline, coll. « Jacques Martin », Casterman, 48 p., 10,95 €).

En 1952, les Occidentaux parviennent à exfiltrer, par la Mer noire et la Turquie, le directeur du département de génétique de l’Institut de recherche scientifique de Moscou. Ils découvrent alors les intentions diaboliques du « petit père des peuples ». Une opération est menée par la CIA pour tenter de ramener aux Etats-Unis « le fils de Staline, un enfant né du clonage et dont le cerveau est chargé de toute l’histoire du tyran, afin qu’il puisse lui succéder avec la plus parfaite continuité idéologique. Se mêlant à une tournée moscovite d’écrivains communistes de l’ouest, un agent occidental est chargé de l’opération avec l’aide d’une jeune généticienne du même Institut de recherche. Alors que le groupe visite l’université de Moscou, l’anglais Andrew Byrnes s’éclipse à la rencontre de Paulina. Mais l’alerte est donnée. Guy Lefranc, qui suit la tournée des écrivains pour son journal, décide d’aider Byrnes en récupérant un dossier aux informations cruciales. Bientôt, le petit réseau des dissidents antitotalitaires est décapité. Lefranc se retrouve seul ou presque pour tenter d’arrêter l’engrenage fatal, alors que dans le secret de sa datcha, Staline décède.. Le dessin de Régric et les couleurs de Bruno Wesel nous entraînent dans l’hiver soviétique, des palais de Moscou au fin fond de la Géorgie, dans la ville natale de Staline où a été édifié le laboratoire secret abritant « l’enfant Staline ». Un graphisme saisissant pour une intrigue surprenante.

Vincent Duclert

NB. Le lien accroché au mot -rencontre- l'est en dehors de toute intention de la rédaction...