Que peut la philosophie ?
« Peut-on agir moralement sans s'intéresser à la politique ? ». Voici un excellent sujet de philosophie donné ce matin, à l’épreuve du baccalauréat de la série S. Le couple morale et politique n’est pas seulement actif dans la sphère publique, il irrigue aussi la réflexion en philosophie, en science politique et en histoire. Outre l’exemple de grands intellectuels républicains ayant placé au cœur de l’engagement politique la question de la morale (comme Ferdinand Buisson étudié par Vincent Peillon en 2010, Une religion pour la République, Le Seuil, coll. « La Librairie du XXIe siècle », 295 p., 19 €), on pourra s’intéresser au rôle de l’enseignement même de la philosophie qu’étudie Sébastien Charbonnier dans Que peut la philosophie ? (Seuil, coll. « L’ordre philosophique », 291 p., 22 €).
Il y a un enjeu immédiatement politique à une
telle perspective : « délivrer un enseignement de philosophie
obligatoire en France, c’est prendre au sérieux l’objectif d’émancipation
collective. Un cadre démocratique est vide de sens s’il n’est pas habité par
des citoyens qui demeurent vigilants et ont de nouvelles idées - si nous ne sommes pas le plus nombreux
possible à penser le plus possible. » De ce point de vue, l’apprentissage
par tous de la philosophie répond à un impératif politique, qui est de soutenir
cette participation de tous à la vie de la cité, par l’autonomie intellectuelle
et l’imagination créatrice. Cette approche d’une question d’enseignement est
bien passionnante.
Vincent Duclert
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