Le piège identitaire
Le mot « identité », qui s’est massivement répandu
dans les sociétés contemporaines, allant jusqu’à désigner dans les guides
touristiques le caractère typique d’un quartier populaire, « dit aujourd’hui
quelque chose de plus », expose le philosophe Vincent Descombes dans une
étude intitulée, Les embarras de l’identité
(Paris, Gallimard, coll. « NRF Essais », 2013, 282 p., 21 €).
Comment ce vocable peut-il porter tant de significations jusqu’à dire « une
chose qui possède la vertu d’être elle-même alors qu’elle aurait pu ne pas encore
être elle-même ou ne plus être elle-même ». Pour le philosophe, il y a une
énigme lexicale qu’il va s’appliquer
à résoudre : « pourquoi est-ce le mot “identité” qui s’est trouvé
chargé de signifier l’enjeu de l’objet de tels conflits ? ». L’identité,
concept de nos jours si prégnant et englobant, enferme autant qu’il libère. Il
est temps d’y mettre un peu de raison et de clarté. C’est la tâche du
philosophe.
L’anthropologue est aussi convié à cette réflexion comme s’y
emploie Michel Agier dans La condition
cosmopolite résolument sous-titré : « l’anthropologie à l’épreuve
du piège identitaire ». En face de cette tentation du repli, l’anthropologue plaide pour le passage des frontières et
une construction de soi à l’échelle du monde. Pour ce faire, il mobilise de
nombreux travaux et enquêtes dans un livre empirique autant que programmatique
(La Découverte, coll. « Sciences humaines », 216 p., 20 €).
Vincent Duclert
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