Edith et Rosa, de Paris à Alger
La guerre d’Algérie est en arrière-fond du dernier épisode de la très belle série Agence Hardy imaginée par un vieux routier du scénario, Pierre Christin, dont le couple avec la dessinatrice Annie Goetzinger a été reformé pour l’occasion. Tous deux avaient enchanté les lecteurs de BD, il y a de nombreuses années, par leurs grands albums –en tout point- aux noms poétiques et aux histoires douces-amères de la Voyageuse de la petite ceinture, Paquebot, La Demoiselle de la Légion d’honneur, Charlotte et Nancy. L’Agence Hardy, qui met en scène un caractère de femme aussi trempé que les héroïnes précédentes, raconte les aventures d’Edith [Hardy], à la tête d’une petite agence parisienne de détectives privés.
Les Diamants fondent au soleil (Dargaud, 48 p., 11,99 €) nous plonge dans le passé tragique de l’Occupation, quand les rafles de la police française décimaient des familles juives entières. Au milieu de toutes injustices de l’existence surnagent des êtres résilients, qu’Edith va croiser et aider. Elle fait corps avec la ville, avec un Paris populaire déjà menacé.
Au même moment, son jeune Victor qui l’assiste dans ses enquêtes, décide de partir en Algérie pour retrouver sa fiancée, disparue dans les soubresauts d’une guerre qui ne veut pas finir. Intercepté à sa descente de bateau sur le port d’Alger par des militaires passés dans le camp de l’OAS, il parvient à s’évader de la prison de Barberousse et retrouver Rosa, pigiste à Combat, détenue clandestinement dans une villa mauresque des hauts de la ville. Mais ils sont repris par les factieux. Ayant bouclé son enquête parisienne, Edith saute dans un avion pour Alger, retrouve son amant d’agent américain Jones, file avec lui le grand amour et obtient la libération du jeune couple amoureux. Romanesques à souhait, superbement dessinées, les aventures d’Edith survolent l’histoire et lui donnent le visage clair d’une héroïne éternelle.
Vincent Duclert
Dans une première vie, Pierre Christin a soutenu une thèse en Sorbonne sur le « Fait divers, littérature du pauvre ».
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