L'expérience de la rupture
En ce jour officiel des femmes, évoquons l’expérience de la rupture qu’étudie le sociologue François de Singly dans Séparée (Armand Colin, 240 p., 17,50 €). Il a lu beaucoup, des romans notamment comme celui de Françoise Chandernagor (La Première épouse), il a longuement écouté des femmes faire le récit de leur séparation et de leur reconstruction. Et il en a déduit qu’il existe une manière féminine de vivre cette expérience, de la provoquer même pour ne pas demeurer dans le mensonge ou dans la destruction d'un couple défait. Pour le sociologue, la séparation est devenue « un des supports possibles de l’émancipation des femmes » - d’où, pour lui, l’expansion du divorce et de la séparation. Mais il ne faut pas croire que cette expérience se vive dans le bonheur d’une liberté conquise ou reconquise. La souffrance née de la lucidité et du départ est réelle, profonde, y compris en direction du conjoint qui est laissé. Les témoignages la disent avec les mots les plus justes. Mais la volonté de vivre en paix avec soi-même est plus forte, comme l’est ensuite, dans la solitude, la recherche des agencements qui permettront de se reconstruire. Un très beau livre, une recherche de terrain qui disparaît sous les mots et la finesse de l’analyse, portant sur la séparation mais également sur le temps d’après, une autre expérience, une épreuve aussi pour les femmes « séparée », et l'occasion donnée de réapprendre à vivre par soi-même, avec de petits instants et de petites victoires.
Vincent Duclert
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