Les nouvelles classes moyennes
L’essai de Dominique Goux et d’Eric Maurin consacré aux nouvelles classes moyennes est une plongée dans la société française, à travers l’analyse d’un « ensemble – grandissant- de catégories intermédiaires, situées à égale distance des plus pauvres et des plus riches ». Ces « nouvelles classes moyennes » qui sont nées des importantes mutations sociales des années 1980, « ont su maintenir leur position tout au long de ces dernières années, au terme d’une compétition sans merci pour les statuts professionnels les plus protégés, les quartiers de résidence les plus sûrs et les diplômes les plus recherchés. Aiguillonnées par l’inquiétude, elles sont les acteurs les plus résolus de la compétition qui s’est emparée de notre pays à la faveur de la crise économique et de la démocratisation scolaire. Incarnant à la fois une "France qui tient" et une "France qui monte", miroirs autant que modèles, elles reflètent les peurs et les espoirs de notre société, ses doutes et sa brutalité ».
Comme le montrent les auteurs, sociologue et économiste, les classes moyennes sont devenues un enjeu décisif, enjeu politique parce que force sociale active, inquiète, dynamique. Elles constituent des arbitres politiques de par leur place dans la société. La campagne présidentielle s’en saisit pour cela. Leur omniprésence occulte d’autres questions, celle du pouvoir de la richesse, et celle, à l’opposé, de l'état de « précariat », une situation décrite ici, « où la précarité professionnelle et sociale ne traduit pas une difficulté transitoire, mais un état permanent ». La lecture des Nouvelles classes moyennes (Le Seuil, coll. « La République des idées », 2012, 124 p., 11,50 €) propose sans conteste cette plongée dans la société française qu’annonce son introduction.
Vincent Duclert
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