Confiance et violence
La primaire socialiste dite « citoyenne » a suscité beaucoup d’analyses soulignant la capacité du candidat de gauche ainsi désigné à restaurer la « confiance » qui permettrait dès lors à la société française d’affronter la crise et d’en assumer les conséquences. La confiance viendrait repousser la « violence » de la crise et des politiques dites libérales visant à la juguler. « Confiance « et « violence » sont justement au cœur de la réflexion du chercheur Jan Philipp Reemtsma, philologue, professeur de littérature allemande à l’université de Hambourg et fondateur de l’une des plus importantes fondations européennes pour les sciences sociales, le Hamburger Institut für Sozialforschnung. Il publie aux éditions Gallimard, jeudi 13 octobre, la traduction française (par Bernard Lortholary) d’une somme rédigée en 2008, Confiance et violence. Essai sur une configuration particulière de la modernité (coll. « Nrf essais », 591 p., 29,50 €). Mettant en question l’idée selon laquelle la modernité européenne aurait banni la violence de son univers – il suffit de considérer ses manifestations extrêmes au XXe siècle -, Jan Philipp Reemtsma souligne qu’en dépit d’un tel constat tragique, notre confiance est néanmoins durable en cette modernité. Comment penser cette divergence ? Tel est le sujet de ce grand livre.
Vincent Duclert
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