Alors que les tensions sont à leur comble entre les personnels des Archives nationales et leur ministère de tutelle (Culture et de la Communication) pour cause de menaces disciplinaires dirigées contre des délégués syndicaux, dans le cadre du conflit sur la « Maison de l’histoire de France », la réflexion sur les archives se poursuit, dans et hors l’institution. La Documentation française a publié dans sa collection « Manuels et guides pratiques », un précieux volume sur Les archives privées (202 p., 22 €) coordonné par Christine Nougaret et Pascal Even, deux archivistes spécialistes en la matière. Sous-titré « Manuel pratique et juridique », cet ouvrage est d’autant plus important que la notion même d’archives privées s’élargit avec celle d’archives personnelles.

 
Et cette fois, ce sont deux chercheurs rompus à la réflexion sur les documents de la vie ordinaire qui proposent, aux éditions Armand Colin, une forme de manuel sur la question, sous-titré « Histoire, anthropologie et sociologie » (coll. « U », 191 p.). « Que faire des ces correspondances, de ces écrits au dos de photographies, des écritures de soi en rêve, des autoportraits glissés dans un agenda, d’un journal d’une transformation de soi ? » s’interrogent Philippe Artières et Jean-François Laé, respectivement historien au CNRS et sociologue à Paris 8. Et de tenter alors une réponse : « si les documents dits privés, au ras des tiroirs, épousent au plus près le point de vue et les plis émotionnels des scripteurs, on peut les concevoir comme des contre-sources qui éclairent les visages de la vie en société ». Celles-ci ne peuvent en conséquence qu'étendre le champ de la connaissance en sciences sociales et humaines. C'est une bonne nouvelle !

Vincent Duclert