Les guerres d'Obama
La capture et la mort d’Oussama Ben Laden consacrent la justesse de la stratégie militaire voulue par Barack Obama et décrite dans l’ouvrage du journaliste Bob Woodward, Obama’s Wars paru en septembre 2010 et traduit aux éditions Denoël (coll. « Impacts », mars 2011, 521 p.). Alors que le président américain était vivement combattu par la droite américaine et le mouvement du « Tea Party » pour son échec dans la lutte contre « les ennemis de l’Amérique », il démontre avec ce succès la pertinence des efforts menés au Pakistan et en Afghanistan, mais aussi celle de la politique conduite dans le Moyen-Orient arabe avec le soutien aux révolutions démocratiques. Il reviendra cependant à Obama de capitaliser suffisamment sur cette victoire afin de tenir en respect les ultra-conservateurs toujours prompts à le présenter comme un danger pour les Etats-Unis.
La mort de Ben Laden donne aussi aux Américains et particulièrement aux New-Yorkais la possibilité, dix ans après, de refermer la tragédie du 11 Septembre sur l’idée de la justice accomplie. L’effroi de cette violence a pénétré profondément les consciences individuelles et collectives et suscité des formes d’hommages, de mémoires dont a témoigné la sémiologue et l’ethnographe Béatrice Fraenkel dans un ouvrage écrit au lendemain des attentats, dans les rues de la ville, au milieu des si nombreux écrits, images et messages adressés aux morts et aux vivants du 11 septembre. Elle a ouvert ce livre paru en septembre 2002 aux éditions Textuel (160 p., 27 €) sur une pensée méthodologique autant qu’épistémologique du philosophe Walter Benjamin : « L’efficacité littéraire, pour être notable, ne peut naître que d’un échange rigoureux entre l’action et l’écriture ; elle doit développer dans les tracts, les brochures, les articles de journaux et les affiches, les formes modestes qui correspondent mieux à son influence dans les communautés actives que le geste universel et prétentieux du livre. Seul ce langage instantané se révèle efficace et apte à faire face au moment présent. »
Vincent Duclert
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