Une chambre en Hollande
Cette chambre en Hollande est celle où René Descartes choisit de s’exiler au printemps 1629. Parce que, aux termes d’une longue pérégrination en compagnie de soldats dont il partage l’ordinaire ou à la rencontre de savants de la République des lettres, il a enfin trouvé dans cette contrée l’environnement propice à la composition de son œuvre philosophique. Il sait qu’en France et dans les autres pays catholiques, sa liberté de pensée est bridée. Et puis, il n’aime pas la chaleur qui « l’accable, lui brouille les idées ». Aussi marche-t-il vers les brumes du nord en quête d’un havre où s’exercer à la Méthode. Sa madeleine du temps perdu, c’est « le dortoir du collège où il aimait, solitaire, à rêvasser ».
C’est un très court ouvrage, 57 pages, que nous offre Pierre Bergounioux, mais d’une rare densité et, partant, impossible à résumer ou à caractériser. Dans une langue d’un grand raffinement mais dépourvue de pédantisme, il nous narre la rencontre d’un homme et d’un pays, brossant à grandes enjambées l’histoire du pays avant de couler ses pas dans ceux de l’homme (Une chambre en Hollande, Verdier, 2009, 9,80 €).
L’auteur se refuse au roman, à la fiction. Nulle volonté d’user de son imagination pour combler les zones d’ombre. Nous lui en savons gré. C’est l’une des richesses de ce texte inclassable que de s’appuyer exclusivement sur les faits pour nous embarquer, jusqu’aux Pays-Bas, dans une promenade intellectuelle d’une qualité rare.
Colette Le Lay, Centre François Viète, Nantes
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