A l’heure où Barack Obama est, pour la première fois comme président américain, sur le continent européen, et alors que ses intentions au sommet du G20 contrarient manifestement le président français, saisissons l’occasion de connaître mieux l’hôte de la Maison Blanche en abordant son ouvrage de 2008, écrit tout au long de la campagne, Change We Can Believe In, et traduit en 2009 par Jean-Luc Allouche, Michel Bessières, Agnès Botz et Michèle Garène pour les éditions Odile Jacob sous le titre : Le Changement. Nous pouvons y croire (337 p., 19 €).

Ce qui ressort de la lecture de ce livre qui dépasse le cadre d’un programme de gouvernement, c’est le souci de la réflexivité, de l’autocritique du candidat. Le Changement est sans conteste l’ouvrage d’un intellectuel, dont la manière de pensée et d’agir est très différente de celle d’un Nicolas Sarkozy. D’où, probablement, la tension qui entoure la relation des deux dirigeants, surtout du côté du président français. « Soir d’élection. 4 novembre 2008, Chicago, Illinois » est le texte qui clôt le livre. Il résume la « méthode Obama », faite d’une conception claire de la politique, non celle d’un seul homme aux commandes de l’Etat, du parti et des médias, mais celle d’une équipe, d’une société, d’une pensée puisant dans une relecture fidèle de l’histoire américaine les raisons de croire, d’agir et d’unir.

« Je ne vous cacherai jamais rien des obstacles que nous rencontrerons, écrit Barack Obama, je vous écouterai, surtout lorsque nous serons en désaccord. Et, par-dessus tout, je vous demanderai de participer au travail de reconstruction de ce pays selon la méthode que connaissent les Etats-Unis depuis deux cent vingt et un ans : bloc contre bloc, brique par brique, main calleuse par main calleuse. [...] Résistons à la tentation de revenir à l’esprit de parti, à la médiocrité et à l’immaturité qui empoisonnent notre politique depuis si longtemps ».  Les engagements de Barack Obama subissent désormais l’épreuve du réel. On peut dire que le nouveau président américain n’a pas démérité, qu'il n'a pas renoncé à l'heure actuelle à sa manière intellectuelle d’agir en politique.

Vincent Duclert, EHESS