La nouvelle mobilisation nationale, la neuvième depuis le 2 février, des chercheurs, enseignants-chercheurs et futurs professeurs contre les réformes les concernant souligne la défiance avec laquelle le mouvement réagit aux timides mais réelles avancées du gouvernement en sa direction.

L’explication réside dans la juxtaposition d’un chantier spécifique de réformes qui a suscité de l’inquiétude, et de la politique générale de Nicolas Sarkozy qui a accentué cette inquiétude dans des proportions sans équivalent. Je pense personnellement qu’il serait plus judicieux de réagir aux réformes sans leur prêter des intentions excessives, et par ailleurs, de dresser un bilan sans concessions de la politique générale de Nicolas Sarkozy et de son gouvernement en matière d’Etat de droit, de pratiques administratives, d'idéologie du pouvoir et de principes démocratiques.

Mais la difficulté à séparer les deux domaines vient du fait que la démocratie a besoin de connaissance et de vérité, c’est même l’un de ses fondements. Et que la recherche et l’enseignement se donnent précisément pour mission de rechercher et d’enseigner la connaissance et les moyens de vérité pour y parvenir. Si le gouvernement veut restaurer la confiance, élément indispensable pour imaginer une digne sortie du conflit, il est nécessaire, vaste ambition, de redonner une valeur à la connaissance dans l’action publique et politique.

Car, comme l’écrit très justement Lucien Karpik, de l’Ecole des Mines, dans l’introduction des Mondes de confiance, un ouvrage dirigé par Vincent Mangematin et Christian Thuderoz et publié aux éditions de CNRS en 2003 (296 p., 23 €), « la confiance s’enracine nécessairement dans un système symbolique composite qui mêle connaissance et croyance ».

Vincent Duclert