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02 mars 2009 |

Des anges passent

Blog anges Non, je n'ai pas d'attirance particulière pour les anges. Mais par coïncidence, deux romans à parfum scientifique arrivés en ce début d'année font référence dans leur titre à ces créatures ailées. Autre point commun : des neuroscientifiques y explorent les recoins de l'esprit humain. Mais de manière bien différente.

Il y a du « Matrix » dans La transhumance des anges d'Hervé Poudat (Editions Pourquoi viens-tu si tard?, 2008). Des (para)psychologues et des spécialistes de neurosciences ont découvert l'existence en chacun de nous d'un « monde intérieur », peuplé de créatures étranges et à la géographie parfois étonnante. Mieux, ils ont découvert le moyen d'y pénétrer. Des touristes de l'esprit peuvent ainsi s'offrir des voyages dans l'esprit de volontaires. Comme dans la Matrice des frères Wachowski, on a beau être pur esprit dans ces mondes intérieurs, on y a faim, on y ressent la douleur ou la joie, on y meurt aussi. L'analogie s'arrête là (du moins semble-t-il). Parallèlement, la Terre est au plus mal : le climat est déréglé, et partout, séismes et volcans se réveillent. Des « fous de Dieu », manipulés par des religieux catholiques intégristes sont convaincus du lien entre les deux : en violant les âmes, les hommes auraient provoqué le courroux divin.

Changement climatique, bio-terroristes, firme monopolistique : on est dans l'ambiance familière de l'anticipation scientifique, semble-t-il. D'autant que l'on retrouve aussi de nombreux ingrédients classiques de la science-fiction : la pluralité des mondes habités, les esprits humains remplaçant les planètes ; l'emboîtement de ces mondes, dont on découvre qu'il ne se limite pas à deux niveaux ; des héros pourvus de quelques super-pouvoirs ; une Terre en proie à des cataclysmes aux origines mystérieuses. Mais l'auteur, construisant habilement son intrigue, la fait progressivement glisser sur un plan plus métaphysique, avec une réflexion sur la nature du monde, et sur la puissance de l'amour (même chez les anges). On n'y trouve donc pas d'idées pour changer le monde (encore que). Ni d'analyse sur un futur probable. En revanche, on passe, dans ce monde intérieur de l'auteur, un très agréable moment de lecture, ce qui n'est pas si fréquent.

L'exil des anges de Gilles Legardinier (Fleuve Noir, 2009, 18,90€), commence aussi comme un thriller scientifique : un couple de neuroscientifiques se livre sur lui-même « l'une des expériences les plus importantes et les plus prometteuses jamais pratiquée dans l'histoire de l'humanité ». Traqués par des services secrets qui veulent s'approprier leur découverte, ils préfèrent mourir. L'agent américain qui les poursuivait depuis plusieurs années récupère une partie de leurs notes et de leur matériel et, après les avoir étudié brièvement, mais intensément, il se suicide. La suite est un récit à suspens assez classique, dans lequel trois jeunes gens, forcément beaux et intelligents (avec lequel des deux garçons la fille finira-t-elle l'histoire?) tentent de comprendre l'origine d'un rêve récurrent qu'ils font depuis l'enfance. On glisse progressivement dans l'espionnage et la parapsychologie de type X-files, avec laboratoire secret du gouvernement américain, scientifiques douteux expérimentant avec des médiums (mais pas d'extraterrestres). La science est vue ici plus comme une fournisseuse de super-pouvoirs que comme une source de réflexion sur le monde. Quant aux anges du titre, ils restent très métaphoriques. Peut-être « L'exil des âmes » était-il déjà réservé comme titre par un autre éditeur. Là-encore, un moment de lecture pas désagréable pour un week-end pluvieux ou un long voyage.

Luc Allemand, La Recherche

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