Vous êtes sur BLOGS > le blog des livres

 

22 janvier 2009 |

Figures du corps

Blog corps Début janvier se sont fermées les portes de l’exposition « Figures du corps » à l’Ecole nationale des Beaux-Arts de Paris. Il en reste un formidable catalogue

qui compte 500 pages, infiniment plus encore d’illustrations et un ensemble de textes très éclairants (Figures du corps. Une leçon d’anatomie à l’Ecole des Beaux-arts, Paris, Beaux-arts de Paris les éditions, 2008, 45 euros). Le commissaire de l’exposition et maître d’œuvre du présent ouvrage, Philippe Comar, artiste plasticien, est aussi professeur à l’Ecole des Beaux-arts, où il assure notamment les travaux pratiques d’après modèles vivants. Il s’inscrit dans une lignée d’enseignants qui, depuis la fondation de l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1648, ont eu à charge de former les artistes à la représentation du corps humain. Or il est remarquable que cet apprentissage de la figuration du corps, depuis près de quatre siècles et malgré les profonds bouleversements de l’histoire de l’art , repose de façon pérenne sur les mêmes trois disciplines, inscrites dans les statuts de l’Académie : l’étude des modèles vivants, l’étude de l’antique et celle de l’anatomie. Les questions posées historiquement par ces enseignements sont au cœur de ce catalogue : faut-il travailler d’après la nature ou d’après l’antique ? comment rendre compte du vivant ? la structure du corps humain doit-elle être étudiée d’après des squelettes, des cadavres disséqués, des mannequins articulés, des écorchés, des livres d’anatomie ? quelle place faire à la représentation de l’animal, et de quel animal ? comment la science a-t-elle renouvelé la production des images, mais aussi transformé les fondements mêmes de la représentation ? Toutes ces questions ont nourri des débats dont les traces iconographiques sont les témoignages les plus passionnants : au-delà de l’enjeu technique lié à ces apprentissages, il ne s’agit pas moins en effet que de la figuration du corps dans l’art occidental. L’ouvrage offre à ce sujet un panorama d’illustrations très conséquent. Si nombre d’entre elles sont bien connues, de Dagoty à Houdon et Duchenne de Boulogne, il est cependant très utile de pouvoir en disposer dans un même ensemble. Plus original, l’apport des riches collections du docteur Paul Richer, titulaire de la chaire d’anatomie à l’Ecole des Beaux-arts au début du 20e siècle, est précieux et instructif sur les relations entre art et sciences médicales – « la science » qui selon Richer, en bon fils de son temps, « nous délivrera des lunettes d’autrui ».

Anne Rasmussen, Université de Strasbourg


Réagir / Réactions

Commentaires

Flux You can follow this conversation by subscribing to the comment feed for this post.

L'utilisation des commentaires est désactivée pour cette note.