Vous êtes sur BLOGS > le blog des livres

 

16 décembre 2008 |

Puisque la Terre est ronde

Blog herbaux En 1852, inaugurant le Palais de la Bourse de Marseille, Louis-Napoléon Bonaparte (encore Président de la République) put admirer une statue à l’antique de Pythéas. Devenu au fil des décennies un héros emblématique de la ville, ce personnage, méconnu ailleurs il faut bien le dire, reste des plus mystérieux.

Ce Massaliote fut, à l’époque d’Aristote et d’Alexandre le Grand, sans doute un érudit, probablement un astronome, peut-être un grand explorateur. Il aurait calculé la latitude de Marseille, compris l’importance de l’inclinaison de l’axe de la Terre, voyagé au-delà des colonnes d’Hercule jusqu’à la légendaire Thulé (l’Islande ?). De ses écrits, rien ou presque ne reste, et ce ne sont que des fragments épars et souvent douteux que l’on trouve chez Strabon, Polybe, Pline, etc. Une vraie histoire marseillaise alors, comme celle de la sardine qui boucha le port ? Eh oui, et comme elle avec un fond de vérité que traque l’auteur, François Herbaux, dans une véritable enquête auprès des scientifiques contemporains, historiens de l’antiquité, latinistes et hellénistes d’abord, mais aussi astronomes, archéologues, géologues, géographes, océanographes (Puisque la Terre est ronde. Enquête sur l’incroyable aventure de Pythéas le Marseillais, Vuibert, 2008, 176 p., 18 €). Et ce reportage, dans les laboratoires et sur les terrains, donne finalement une riche image de ce qu’est la recherche scientifique. Par-delà le sujet même de son investigation, François Herbaux montre la réalité complexe, parfois confuse, rarement conclusive, souvent excitante, du travail de la science. Quel meilleur hommage rendre à ce lointain prédécesseur des chercheurs d’aujourd’hui que fut Pythéas ?

Jean-Marc Lévy-Leblond, universite de Nice-Sophia Antipolis

Réagir / Réactions

Commentaires

Flux You can follow this conversation by subscribing to the comment feed for this post.

L'utilisation des commentaires est désactivée pour cette note.