Ethique de la connaissance
Polytechnicien devenu épidémiologiste, directeur général de l’Inserm durant quinze ans, co-fondateur du Comité national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé, Philippe Lazar a signé cette année aux éditions Fayard un Court traité de l’âme (130 p., 12 €). Il s’agit d’une réflexion philosophique sur la conscience qui se construit en chaque être humain et que l’expérience de la connaissance aide remarquablement à constituer comme « éthique de la libération ». D’où, dans les pages finales de ce petit livre, un appel à une « éthique de la connaissance » dans le sillage du Hasard et la nécessité (Seuil, 1970).
« Le "vrai" choix revient en fait simplement à privilégier une exigence : celle de tenter à tout moment de respecter une éthique de lucidité vis-à-vis du regard que l’on jette sur soi et sur le monde. Nous pouvons à cette fin puiser dans les ressources de notre esprit, et sans doute même, comme le propose Jacques Monod, nous référer de façon fondamentale à une éthique de la connaissance qui pousse à ses limites extrêmes la richesse de la pensée rationnelle. Ce serait une lourde erreur que de croire que les progrès dans la compréhension de la matière, de la vie, de la conscience, atténuent en quoi que ce soit l’émotion qui nous étreint dans l’amour ou l’amitié, ou encore dans la contemplation d’un Vermeer, l’audition de La Flûte enchantée, la lecture d’un poème d’Henri Michaux. »
La référence à Jacques Monod est d’autant plus pertinente qu’en tant que résistant lors de la Seconde Guerre mondiale, il sut lier les deux éthiques, de la libération et de la connaissance. (ci-contre, dessin de Geneviève Noufflard, sa secrétaire à l'Etat-Major de Lattre durant la guerre. Ce dessin fait partie des documents conservés aux Archives de l'Institut Pasteur : http://www.pasteur.fr/infosci/archives/mon/im_resist.html
Vincent Duclert
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