Les logiques du fascisme
Les logiques du fascisme sous-titré L’Etat totalitaire en Italie paru chez Fayard au mois de mars dernier (462 p., 30 €) est issu d'une thèse de science politique. Son auteur, Jean-Yves Dormagen, professeur à l'université de Montpellier, établit que l’expérience fasciste italienne demeure à l’opposé de l’image bienveillante actuellement entretenue par le néo-fascisme parlementaire et Silvio Berlusconi lui-même. Ce dernier n’hésitait pas en 2003, alors qu’il dirigeait son premier gouvernement, à déclarer à un hebdomadaire britannique : « Mussolini n’a jamais tué personne. Mussolini envoyait les gens en vacances ». Pour démontrer que le phénomène fasciste produisit, en Italie, un Etat totalitaire qui assura la pénétration en profondeur de l’idéologie dans la société, l’auteur, adoptant une perspective de socio-histoire, étudie aussi bien la haute fonction publique que les agences paraétatiques et l’importance que leur accorda le Duce. Si, in fine, le totalitarisme engendré par le fascisme italien resta différent des totalitarismes nazi et stalinien, il n’en demeura pas moins qu’il en fut plus proche dans ses structures, son idéologie et son fonctionnement que d’un régime autoritaire auquel l’Italie de Mussolini est généralement identifiée. Cette recherche très documentée et d’un souffle théorique certain ouvre des pistes sérieuses de compréhension des régimes autoritaires du XXe siècle de la même manière qu’elle jette un regard inquiet sur le rapport de l’Italie actuelle avec un passé dont elle ne semble pas connaître (ou vouloir connaître) la gravité.
Vincent Duclert
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