Trente livres de mathématiques
Appréhender un auteur, une théorie, à partir d’un texte fondateur, voire dans sa langue originale, est une pratique courante et nécessaire en sciences sociales. Les textes et les auteurs scientifiques, particulièrement en mathématiques, échappent à cette forme de travail. En effet, la façon d’écrire les mathématiques évoluent plus rapidement dans le temps que la langue courante : une théorie élaborée par l’esprit génial d’un Gauss ou d’un Cauchy sera ensuite reprise par les « fourmis » (moins géniales mais pourtant excellents mathématiciens) pour être simplifiée, améliorée, mise en perspective par rapport à d’autres découvertes parallèles. Aussi proposer une analyse et une lecture de Trente livres de mathématiques qui ont changé le monde (Jean Jacques Samueli et Jean Claude Boudenot, Ed. Ellipses, 414 p, 39€) semble être un pari osé. Les auteurs, de par leur formation, ont mis l’accent sur les aspects application des mathématiques aux autres sciences, notamment la physique. Ces extraits de livres publiés entre 1482 et 1916, ont une forte coloration physique : Galilée, Einstein qui a beaucoup utilisé les mathématiques développées par Riemann, ou la mécanique que Lagrange considérait comme une géométrie à 4 dimensions, Gibbs, Boole ou Briggs qui ont certes laissé une trace … Par contre, les grands génies tels Euler, Gauss, Cauchy, Abel, Riemann ou Poincaré sont bien présents. J’avoue pourtant que de lire une partie du cours d’analyse de Cauchy, ou un extrait du texte « sur les hypothèses qui servent de fondement à la géométrie » de Riemann, ne m’ont fait que très légèrement mieux appréhender la pensée de ces auteurs.
Henri Lemberg, classes préparatoires Paris
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