Evolution
Livre de science, livre d’art, album photographique, cet Évolution du biologiste Jean-Baptiste de Panafieu et du photographe Patrick Gries (Éditions Xavier Barral, Muséum national d'histoire naturelle, 2007. 285 p. 49,90 €) est tout cela. Qu’il s’agisse des dizaines de squelettes montés d’animaux vertébrés (représentants d’espèces parfois menacées ou éteintes) ou des quelques coquilles de mollusques marins qui les accompagnent, tous sont ici présentés telles des œuvres d’art. Le résultat, c'est-à-dire un très bel album de photographies en noir et blanc, frappe par sa proximité avec le travail effectué autrefois par Robert Hupka pour la Pieta de Michel-Ange. Et, effectivement, il s’agit bien de sculptures : celles que l’épaisseur du temps et la vie ont, à travers l’évolution des espèces, sélectionnées et façonnées. En ce monde soumis depuis l’origine aux mécanismes de la sélection naturelle, l’extinction des espèces est la norme. La vie est un mouvement continu et celui-ci se retrouve y compris dans les choix de mise en scène des animaux présentés. Bien plus qu’une réponse « esthétique » aux menées récentes du créationnisme nourri de fondamentalisme religieux (cf. l’affaire de la diffusion de L’Atlas de la création d’Harun Yahya en février 2007), ce livre est bien une démonstration scientifique. Chacune des photographies vient souligner le propos de J.-B. de Panafieu : explorer une « nature dépourvue de tout projet » qui, ainsi libérée, se donne en spectacle, s’offre à la découverte d’une richesse et d’une diversité faites de complexité, et invite à observer et connaître les mécanismes du vivant pour comprendre et (pourquoi pas ?) songer à préserver la biodiversité.
Arnaud Hurel, Muséum national d'histoire naturelle
Rédigé par : Ivan Kiriow | 02 avril 2008 à 17:29
On appréciera au passage l'élégance du propos de Jacob... Les grands hommes ne sont pas immunisés contre les clichés phallocentriques !
Quoi qu'il en soit, il existe un gouffre entre la téléologie méthodologique ou heuristique dont, il me semble, parle ici Jacob, et son élévation à la dignité de principe ontologique.
Sachez en outre que l'athéisme peut revêtir, lui aussi, des formes téléologiques extrêmes, et ne demandez pas, s'il vous plaît, à la science de valider (ou d'invalider) des convictions métaphysiques, quelles qu'elles soient.
Rédigé par : Ivan Kiriow | 02 avril 2008 à 17:25
On appréciera au passage l'élégance du propos de Jacob... Les grands hommes ne sont pas immunisés contre les clichés phallocentriques !
Quoi qu'il en soit, il existe un gouffre entre la téléologie méthodologique ou heuristique dont, il me semble, parle ici Jacob, et son élévation à la dignité de principe ontolgique.
Sachez en outre que l'athéisme peut revêtir, lui aussi, des formes téléologiques extrêmes, et ne demandez pas, s'il vous plaît, à la science de valider (ou d'invalider) des convictions métaphysiques, quelles qu'elles soient.
Rédigé par : Franco | 31 mars 2008 à 13:53
le propos de J.-B. de Panafieu : explorer une « nature dépourvue de tout projet »
"La téléologie est pour le scientifique comme une maîtresse : il ne peut s’en passer, mais il n’ose la montrer en public. " (François Jacob, 1971)
PS: ce n'est pas plus con que scientisme athéiste