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08 octobre 2008 |

Over

Blog_over Ce livre tombe à point nommé, si l’on peut dire, pour souligner le caractère autodestructeur de l’American Way of Life, non seulement pour l’équilibre écologique – et c’est le thème du très bel ouvrage publié à La Découverte, Over (360 p., 59 €) -, mais également pour le système économique et la civilisation américaine tout entière. En effet, les clichés aériens d’Alex MacLean, architecte de formation et grand photographe mondial, démontrent l’indifférence du développement industriel, routier et urbain à la dimension naturelle du territoire, et, en conséquence, les risques considérables qu’il fait porter au cadre sans lequel il n’y a plus de « rêve américain ». Car celui-ci repose précisément sur un rapport individuel et philosophique aux espaces naturels, pensons à des films événements comme Easy Rider et les images emblématiques des paysages de l’Ouest. Cet imaginaire est en danger, de même que le système qui a permis cette destruction. Le caractère de plus en plus démesuré de l’habitat et de l’urbanisme vient de rencontrer brutalement ses limites, son absurdité, avec la crise immobilière précipitant la crise financière. Pour insister sur l’extrême intérêt de cet ouvrage, on voudrait souligner aussi l’importance de l’image et de l’approche géographique pour penser le monde. Voir une photographie, lire une carte, et c’est un monde de connaissances, et de connaissances critiques, qui s’ouvre. Les géographes le savent bien. Cet ouvrage le démontre parfaitement. C'est une leçon de méthode autant qu'une thèse forte.

Blog_pelican_2 On est loin en tout des espérances portées par le cinéma d’Hollywood lorsqu’il s’agissait d’illustrer le combat pour la préservation des espaces et des espèces naturels, comme en 1994 avec L’affaire Pelican (The Pelican Briefe) du réalisateur Alan Pakula, d’après le thriller de John Grisham, mettant en scène une jeune étudiante en droit et un journaliste noir partant à l’assaut du capitalisme sale et du droit gouverné par la finance, afin de protéger le vol des pélicans sur les rivages préservés et garder vivant l’imaginaire d’une nation.

Vincent Duclert, EHESS

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Signalons en outre que le livre "Over", justement, fournit la matière de 8 pages du numéro de La Recherche de novembre, consacrées à la montée des eaux sur les côtes américaines, avec de très belles photos.

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