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11/09/2009 |

Coup de froid

En juin 2000, le britannique Andy Goldsworthy a apporté des boules de neige géantes (une tonne chacune) dans les rues de Londres, et les a laissées fondre. Il avait collecté cette neige, pendant les deux hivers précédents, près du village écossais où il vit. Geste artistique singulier et éphémère. J'y ai fortement pensé devant l'exposition « Performance à froid » présentée les 12 et 13 septembre au Laboratoire, installé au centre de Paris. David Burrows, Charlotte Charbonnel et Delphine Chevrot y ont en effet installé une oeuvre « miroir » des boules de neige de Goldsworthy. Une machine installée au plafond émet un brouillard d'eau, froid. Celui-ci, plus lourd que l'air environnant, tombe sur une structure réfrigérée au-dessous de zéro, et se transforme en givre. Colonne mouvante et éphémère.

Le Laboratoire se veut un lieu où se rencontrent l'art et la science. Pas étonnant donc d'y trouver des oeuvres dont l'existence et la signification sont étroitement liées à la mise en oeuvre de principes physiques. Chacun des trois artistes a d'ailleurs créé sa propre installation sur le même thème du froid. J'ai préféré celle où une cage thoracique en tubulure réfrigérante congèle et laisse fondre alternativement l'eau qui s'écoule lentement à sa surface.

Moins convaincant est le prétexte de cette exposition : le lancement par une grande marque de lessive (dont, il y a bien longtemps, les clientes ne voulaient pas échanger un seul baril contre deux barils d'une lessive anonyme) d'une lessive-gel qui lave « à froid ». Inutile toutefois de l'emporter en camping si vous devez casser la glace au lavoir le matin : elle n'est active qu'à partir de 15°C. La partie de l'exposition consacrée à la lessive en question est plutôt décevante, et ne révèle pas grand chose de la physico-chimie à l'oeuvre. Comble du ridicule, j'ai assisté en direct à une démonstration de l'efficacité du produit de la plus belle rhétorique publicitaire : une jeune femme charmante a sali avec du chocolat deux morceaux de tissu, puis les a placé dans deux récipients munis d'agitateurs, dont l'un contenait le gel miracle, et l'autre un « produit ordinaire trois fois moins concentré ». Evidemment, l'un des deux tissus est ressorti plus blanc que l'autre... Pour l'instant, on pourra toujours relire l'article publié par La Recherche en octobre 2003, et qui révèle, lui, Les secrets du linge bien lavé.

Luc Allemand

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il y a aussi, dans le même style, les magnifiques statues de glace du Festival des Neiges de Sapporo (Hokkaïdo, Japon)
http://www.snowfes.com/english/place/index.html

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