Vous êtes sur BLOGS > Momies de Sibérie

 

28/08/2010 |

Milliers de perles

Les techniques mises au point dont j’ai commencé à vous entretenir hier sont imposées par des éléments liés aux corps gelés dont la décomposition reprend dès l’ouverture de la tombe mais aussi par les vêtements dont était parée l’élite iakoute aux 17e et 18e siècles. La femme aux plus beaux vêtements que nous ayons eut l’occasion de découvrir en Iakoutie centrale portait plusieurs robes dont une en écarlatine : tissu rouge d’origine anglaise qui semble avoir été aussi prisé par les iakoutes que par les indiens du Canada à la même époque. Ses deux robes, son manteau et ses dessous à faire frémir Sonia Rykiel – dont je tiens à sa disposition en vue de sponsoring les modèles – étaient décorées de perles. Si les plus grosses peuvent atteindre un centimètre de diamètre, la plupart, vendues à l’époque en écheveaux ne font que quelques millimètres. L’estimation du nombre de perles initialement cousues en bandes sur les vêtements est d’environ un million. Si ce nombre est exceptionnel, les dizaines de milliers de perles sur les vêtements sont notre lot quotidien. Si sur des vêtements parfaitement gelés, photos et reconstitutions sont aisées –relativement- ; lorsque le corps est en cours de décomposition, le coffre effondré rempli de sédiment et les habits présents sous forme de fragments, ces milliers de perles peuvent rapidement devenir un enfer pour qui essaie de comprendre le costume. Ce fut le cas sur la quatrième tombe fouillée cette année. Tombe d’un homme de l’élite elle se présentait sous la forme d’une légère dépression surplombant une prairie. Le permafrost n’était pas atteint à la sonde ce qui laissait espérer une fouille aisée. _DSC0657 Ce fut une découverte d’importance pour notre programme puisqu’elle nous livra un homme dont l’équipement est semblable à ceux de la Iakoutie centrale et de la Viliouï. Il a été inhumé avec un chaudron en fer, une hache, un carquois et ses flèches, un arc de chasse de plus de 170 cm de haut et une offrande d’un hémi-thorax de poulain. Tous ces éléments, dans un état de conservation étonnant, sont des indices de chasseur-guerrier mais aussi du chef  pour la hache et peut-être de clan pour le chaudron. En effet, ceux que nous avons rencontrés jusqu’à présent étaient toujours associés à des hommes de la même lignée paternelle. Les habits sont toutefois inhabituels dans le contexte iakoute. Ils sont décorés de milliers de perles ce qui jusqu’à présent était l’apanage des femmes. Plus étonnant encore, le suaire habituel, généralement en peau de zibeline, a été remplacé par une coupe en bois…

 

  _DSC0688



EC, PG

Réagir / Réactions

Commentaires

Flux You can follow this conversation by subscribing to the comment feed for this post.

 

Ravie de voir que les tombes repérées l'année dernière tiennent leurs promesses et plus encore. Quant aux attibuts féminins ou masculins, le cas évoqué ici nous montre bien encore une fois qu'il faut toujours se méfier des idées préconcues...
Profitez bien du fugace automne iakoute.

L'utilisation des commentaires est désactivée pour cette note.